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Energie

Le plus gros fonds souverain au monde va retirer ses billes du charbon

La commission des finances du parlement norvégien a décidé à l'unanimité de recommander au Norwegian Gouvernement Pension Fund Global ; le plus grand fond souverain au monde de désinvestir des entreorises dont l'activité est très liée au charbon

La commission des finances du parlement norvégien a décidé à l'unanimité de recommander au Norwegian Gouvernement Pension Fund Global ; le plus grand fond souverain au monde de désinvestir des entreorises dont l'activité est très liée au charbon - Simo Räsänen

Grande première en Norvège: la commission des finances des Parlement impose un engagement au plus grand fond souverain au monde, qui va devoir se désengager des entreprises dont une part substantielle de l'activité est liée au charbon.

Norwegian Government Pension Fund Global gère 1,3% de l’ensemble des actions cotées au niveau mondial, il représente 820 milliards d'euros d'actifs. Il a adopté en avril dernier un nouveau code écologique.

C'est à ce symbole que la commission des finances du parlement norvégien impose un geste fort. Elle a décidé à l’unanimité de lui recommander de se désengager dans les entreprises réalisant plus de 30 % de leur chiffre d'affaires ou de leur production électrique à partir du charbon. Un accord a été conclu mercredi soir.

Depuis des années, la Norvège révise la stratégie du fonds régulièrement. "Les investissements dans le charbon peuvent représenter un risque pour le climat et un risque financier futur avec la possible dévalorisation des énergies fossiles dans le cadre des efforts contre le réchauffement planétaire", a estimé Svein Flåtten, député du parti conservateur au pouvoir.

Le plus gros fonds souverain au monde a déjà commencé à se désengager dans les sociétés minières mais le fonds s’est renforcé dans la génération électrique. Il détient ainsi encore 10 milliards de dollars d’actifs liés au charbon.
C'est ce qui ressort d'un rapport mené par des ONG norvégiennes Framtiden et Greenpece Norway et allemande Urgewald paru il y a quelques jours.

Une campagne qui gagne l'Europe

Parmi les entreprises visées par cette décision figurent Germany’s RWE, China’s Shenhua, Duke Energy from the Unites States, Australia’s AGL Energy, Reliance Power from India, Japan’s Electric Power Development Corporation, Semirara Mining from the Philippines and Poland’s PGE.

La campagne de "désinvestissement" des énergies fossiles prend de l'ampleur en Europe. C'est le Swarthmore College qui avait donné le la aux Etats-Unis. Le mouvement a gagné Stanford, Yale et Harvard, puis l’université de Glasgow et celle d’Oxford. Puis c'est le Guardian Media Group, la société mère du quotidien britannique qui a suivi. Le milliard d'euros qu'il gère ne sera plus investi dans les énergies fossiles. Les fondations philanthropiques du prince Charles et l’Église d’Angleterre n'ont pas tardé à s'engager.
Tout récemment en France les Amis de la Terre ont appelé les banques à ne plus soutenir la production de la plus polluante des énergies fossiles.
Ce sont au final 220 institutions à travers le monde qui ont pris part à la campagne.

Des enjeux économiques

Pour les partisans du "désinvestissement ", les grands actionnaires, représentés par des fonds de pension ou des fonds institutionnels, doivent se défaire de leurs participations dans les énergies fossiles, que ce soit le charbon, le pétrole ou encore le gaz.

Ces combustibles représentent 80 % des émissions mondiales de CO2 et 67 % des émissions de gaz à effet de serre. L'enjeu est aussi économique. Un rapport de l'Institute for Energy Economics and Financial Analysis paru le 18 mai met en évidence le déclin structurel du charbon . Il recommande de désinvestir des entreprises minières dont le charbon représente plus de 20 % de la production ou plus de 50 millions de tonnes par an des électriciens dont plus de 20 % du mix est composé de charbon.

C'est le 5 juin prochain que le Parlement norvégien doit voter sur cette recommandation de la commission des finances. Ce sera une simple formalité.
La Norvège prend un virage. Le pays est aujourd’hui l’une des nations les plus riches du monde, grâce aux revenus apportés par l’exploitation des hydrocarbures en mer du Nord depuis les années 1970.

Nathalie Croisé