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Le Qatar sort de Vivendi

François Hollande à Doha en 2013 avec le cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani

François Hollande à Doha en 2013 avec le cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani - Bertrand Langlois AFP

L'émirat, qui avait pris 2% du capital en 2011 pour près de 450 millions d'euros, a discrètement revendu sa participation.

Le Qatar aime toujours autant la France, mais un peu moins Vivendi. La preuve? Son fonds souverain Qatar Holding a revendu sa participation dans le groupe de médias français. Précisément, il ne figure plus dans la liste des actionnaires détenant plus de 1% du capital.

Moyen de pression

Qatar Holding était rentré au capital en 2011, acquérant 1,55% du capital. Il s'était renforcé début 2012, grimpant à 2%. Il avait ensuite légèrement réduit sa participation, retombant à 1,6%, niveau auquel il était encore fin 2013. Etant donné que le capital de Vivendi est très dilué, cette petite participation le classait parmi les dix premiers actionnaires du groupe. Et, vu le cours moyen de l'action à l'époque, ces 2% représentaient un investissement de près de 450 millions d'euros. 

A l'époque, cette entrée au capital avait été vue comme un moyen de faire pression sur Vivendi. En effet, simultanément, l'émirat avait fait irruption mi-2011 dans le paysage audiovisuel français, en décrochant une partie des droits de la Ligue 1 de football, en concurrence frontale avec Canal Plus, filiale de Vivendi.

Plus d'agression mutuelle

Hasard ou coïncidence? Les rapports entre Canal Plus et la chaîne qatarie BeIn Sports se sont apaisés depuis un an. Les deux rivaux ne se sont agressés ni sur les droits de la ligue 1 de football il y a un an, ni sur ceux du top 14 de rugby en janvier, où BeIn Sports a proposé moins que le prix minimum exigé par les rugbymen... Et la chaîne cryptée, qui avait attaqué BeIn Sports devant le tribunal de commerce, n'a finalement pas fait appel après avoir perdu.

Parallèlement, des canaux de communication ont été établis. En 2013, le directeur général de la chaîne cryptée, Rodolphe Belmer, a commencé par effectuer discrètement un voyage à Doha, mais sans grand résultat.

Un canal sarkozyste

Puis un autre canal aurait été établi l'an dernier passant par Vincent Bolloré (principal actionnaire de Vivendi) et Nicolas Sarkozy, grand ami du Qatar. 

Parallèlement, le président de Canal, Bertrand Meheut, a expliqué à François Hollande et Laurent Fabius les dégâts que pourraient faire BeIn Sports s'il raflait tous les droits du football, et leur a demandé d'intervenir auprès de l'émirat pour calmer ses ambitions. 

Interrogé, Vivendi confirme que "Qatar Holding n'apparait plus à fin décembre 2014 parmi les principaux actionnaires", c'est-à-dire ceux qui détiennent plus de 1%, et qui sont au nominatif ou ont fait une déclaration.

Jamal Henni