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Le sauvetage de STX en péril

L'Etat veut empêcher Fincantieri de détenir la majorité des chantiers navals de Saint-Nazaire. L'objectif du gouvernement français est clair: tout faire pour que les italiens descendent sous la barre des 50%. Inacceptable pour le gouvernement italien qui n'a pas l'intention de céder.

L'entourage du ministre de l'Économie italien est catégorique: "Nous ne descendrons pas sous les 51%" explique-t-on à BFM Business. D'après nos informations, dans les couloirs du Palazzo delle Finanze, le "Bercy Italien", on est furieux. Les manœuvres de la France passent très mal.

Pour rappel, Fincantieri a été choisi par le tribunal de commerce de Séoul pour reprendre 66% des chantiers de Saint-Nazaire, détenus jusqu'ici par un groupe coréen en faillite. Seulement, l'État français, qui en possède 33% avec une minorité de blocage, est à la manœuvre pour tenter de faire descendre Fincantieri sous la barre des 49%. "Les Italiens doivent être un actionnaire de référence très large, mais nous ne souhaitons pas qu’ils aient la majorité du capital", expliquait à BFM Business, il y a encore quelques jours, l'entourage du secrétaire d'État à l'Industrie. L’État français discute donc avec d'autres croisiéristes afin de les faire entrer en tant qu'actionnaires minoritaires. Par conséquent, Rome s'agace de voir ainsi malmené son fleuron naval alors que les chantiers de Saint-Nazaire ont été acquis à la loyale.

"On ne fait pas confiance aux Italiens! La France a pourtant fait confiance à la Corée" ironise-t-on. Pour rappel, en 2006 Alstom avait cédé Saint-Nazaire au finlandais Aker Yards, lequel avait été repris en 2007/2008 par STX Offshore and Shipbuilding après une OPA surprise. La France avait alors pris 33% pour avoir une minorité de blocage.

Rome souhaite convaincre, en particulier sur la question de l'emploi, au cœur des préoccupations françaises à la veille de l'élection présidentielle: "Fincantieri est une grande société, cotée à la bourse de Milan et dotée d'un management de qualité. L'entreprise est en mesure de donner toutes les garanties nécessaires au maintien de l'emploi". Balayant par la même occasion les craintes d'éventuels transferts de technologies vers les États-Unis ou la Chine.

Rome rêve d'un "Airbus des mers"

Pour l'Italie l'opération est jugée "symbolique". Le rachat de STX France est une opération importante pour l'Europe en vue de créer un "Airbus des mers" rappelle l'entourage du ministre de l'Économie italien. Toujours selon la même source, on juge que les agissements de Bercy ne correspondent pas vraiment à "l'esprit européen" et on souhaite faire remarquer que l'État Italien est "resté neutre" dans les négociations pour le rachat de la société italienne de gestion d'actif Pioneer par Amundi, filiale du Crédit Agricole.

Contacté, le cabinet du secrétaire d’État en charge de l’industrie, Christophe Sirugue, indique que "les gouvernements sont en contact pour rechercher une solution qui tient compte des sensibilités politiques dans les deux pays".

Jean-Baptiste Huet