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Le Star Wars le plus rentable n'est pas celui auquel vous pensez

Malgré des recettes record de plus de 2 milliards de dollars, Le Réveil de la Force sorti en 2015 est très loin d'être le film le plus rentable de la saga si on le rapporte à son budget. C'est en fait le tout premier épisode sorti en 1977 qui détient cette palme.

Il revient chaque année en décembre pour le plus grand plaisir des jeunes et des moins jeunes dans un déferlement commercial. Ce n'est pas le Père Noël mais bien le nouvel épisode de Star Wars. Depuis que Disney a racheté la franchise en 2012 pour 4 milliards de dollars, Star Wars a gagné en productivité. Sous l'ère George Lucas, les fans avaient dû se contenter d'un film tous les trois ans puis rien (au cinéma du moins) depuis 2005. 

Mais Disney est bien décidé à exploiter le plus possible le filon. Ainsi après l'épisode VII Le Réveil de la Force en 2015 et avant la suite dont la sortie est programmée au 14 décembre 2017, place cette année à Rogue One, un épisode de transition donc l'action se situe chronologiquement entre le III et le IV. 

Deuxième meilleure performance de l'histoire

Un film "mise en bouche" en quelque sorte, histoire de faire patienter les fans avant l'épisode VIII. Disney en a d'ailleurs prévu deux autres (un pour 2018 sur la jeunesse d'Han Solo, un autre en 2020 encore inconnu) réunis au sein de la marque "A Star Wars Story". Et si ces films de transition n'ont pas la prétention de faire exploser le box office, les premières estimations de recettes de Rogue One ont dépassé les attentes de Disney.

Avec 130 millions de dollars de tickets de cinéma pré-achetés aux États-Unis, le film réalise la deuxième meilleure performance de l'histoire, derrière Le Réveil de la Force qui avait atteint les 248 millions en 2015. Et au regard des premières projections qui ont suscité un fort enthousiasme des spectateurs et des critiques, les experts estiment que le film pourra atteindre 1,4 milliard de dollars de recettes dans le monde.

Une performance en-deçà de celle de l'épisode de 2015 -qui a frôlé les 2,1 milliards de recettes- mais de peu. Surtout, avec un budget estimé à 200 millions de dollars, le film pourrait donc générer 7 fois sa mise en termes de recettes. Un peu moins, là encore, que l'épisode de 2015 dont les recettes globales avaient dépassé de près de 9 fois (844%) le budget de production de 245 millions de dollars.

Si ces chiffres de rentabilité peuvent impressionner, ils sont marginaux si on les compare à ceux des premiers Star Wars sortis dans les années 70 et 80. Le record en matière de taux de rentabilité revient ainsi au tout premier épisode sorti (Un Nouvel Espoir en 1977) qui avait rapporté 775 millions de dollars de l'époque pour un budget de 11 millions. Soit plus de 70 fois la mise de départ. Suivent L'Empire Contre-Attaque en 1980 avec des recettes supérieures de 30 fois au budget et Le Retour du Jedi (près de 15 fois). Des taux de rentabilité énormes impossibles à atteindre pour des grosses licences comme Star Wars aujourd'hui. Seuls de tous petits films réalisés à l'économie peuvent espérer atteindre ce type de ratio. Le record mondial est d'ailleurs attribué au film d'épouvante Paranormal Activity qui en 2009 a rapporté 193,4 millions de dollars dans le monde pour 15.000 de budget, soit près de 13.000 fois sa mise!

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Des réussites et quelques échecs cuisants

Mais pour des grosses licences à succès comme Star Wars (ou encore Pirates des Caraïbes ou James Bond), la flambée des budgets des films hollywoodiens rend impossible de générer de tels taux de rentabilité. "Il y a deux grands facteurs qui expliquent cette flambée: le travail et la technologie", explique le producteur Paul Schwake (Mission: Impossible - Protocole fantôme) à Forbes. Dans un film comprenant un nombre modeste de 150 à 250 plans d'effets visuels, il faut compter, pour chaque séquence de 5 secondes entre 70.000 et 100.000 dollars. Avec la main d'oeuvre, on monte de 11 à 25 millions. Sur les films d'action avec plus d'effets visuels, ces nombres peuvent monter encore plus haut. D'où les budgets stratosphériques." À cela s'ajoute le coût des acteurs qui a flambé lui aussi. Harrison Ford aurait touché l'équivalent de 31 millions d'euros en 2015 pour reprendre le costume d'Han Solo.

Des films plus spectaculaires avec des têtes d'affiche connues toujours mieux payées, voilà comment les studios tentent de minimiser le risque de l'échec lorsqu'ils produisent un film d'une franchise connue. En dépensant toujours plus. Et si ça marche le plus souvent (Star Wars, les Avengers ou Pirates des Caraïbes sont des réussites commerciales), les quelques échecs sont cuisants. Le film John Carter produit par Disney en 2012 n'a pas rencontré son public et aurait perdu selon les estimations entre 120 et 200 millions de dollars. Le budget colossal n'aura pas suffi à susciter l'enthousiasme du grand public pour cette nouvelle licence inconnue. La même année, Disney rachetait Star Wars et lançait un nouveau cycle. En cinéma plus qu'ailleurs, la marque est stratégique pour réussir. 

Les chiffres des différents épisodes (en millions de dollars)

Un nouvel espoir (1977)
Budget: 11
Recettes: 775
Rentabilité: 7045%

L'empire contre attaque (1980)
Budget: 18
Recettes: 538
Rentabilité: 2989%

Le retour du Jedi (1983)
Budget: 32
Recettes: 475
Rentabilité: 1484%

La menace fantôme (1999)
Budget: 115
Recettes: 1.027
Rentabilité: 893%

L'attaque des clones (2002)
Budget: 115
Recettes: 649
Rentabilité: 564%

La vengeance des Sith (2005)
Budget: 113
Recettes: 849
Rentabilité: 751%

Le réveil de la force (2015)
Budget: 245
Recettes: 2.068
Rentabilité: 844%

Source: Box office Mojo

Les produits dérivés, eux, ont explosé

Si les ratios de rentabilité ont fondu depuis les premiers Star Wars, les recettes générés par les produits dérivés ont, elles, fortement augmenté. Selon les analystes, les ventes générées par les jouets, DVD et autres gadgets auraient atteint 5 milliards de dollars sur la dernière année. Le revenu tiré des seuls jouets aurait atteint 1,5 milliard de dollars en 2015. En 1978, le fabricant Kenner avait vendu pour 100 millions de dollars de jouets Star Wars, l'équivalent de 360 millions de dollars actuels, soit quatre fois moins qu'aujourd'hui. Mais tout ne va pas dans les poches de Mickey. Disney touche 10% du prix de vente des produits dérivés, soit tout de même 500 millions de dollars. Le studio n'empoche pas non plus l'ensemble des recettes générées par le film en salle. Le site Deadline estime que sur les 2,1 milliards de dollars de recettes de Star Wars Episode VII, "seuls" 780 millions de dollars auraient atterri sur le compte de Disney.

Frédéric Bianchi et Jamal Henni