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Le succès de la Mustang ne se dément pas hors des États-Unis

La série limitée 'Bullitt' de la Ford Mustang, exposée au salon automobile de Genève (Suisse).

La série limitée 'Bullitt' de la Ford Mustang, exposée au salon automobile de Genève (Suisse). - BFM

Ford fait actuellement essayer aux journalistes européens la version restylée de la Mustang. La pony car trouve avant tout son succès commercial hors de son marché domestique, les États-Unis.

Au salon automobile de Genève (Suisse), qui ferme ses portes ce dimanche, elles ont fait le show. D'un côté, la légende, et de l'autre, sa réinterprétation moderne. Sur le stand Ford se faisaient ainsi face la Mustang de 1968, qui a servi de monture à Steve McQueen dans le film "Bullitt", et la série spéciale éponyme de la Mustang 2018, lancée en grande pompe quelques semaines plus tôt, aux États-Unis. A côté des supercars italiennes, et des sportives allemandes survitaminées, la pony car a su trouver son public. Et se faire une place en or sur le marché européen.

Plus de Mustang que de 911

Comme le rappelle Bloomberg, la dynamique des ventes de Mustang fonctionne surtout hors des États-Unis. L’an dernier, il s’est ainsi vendu plus de Ford Mustang que de Porsche 911 en Allemagne. Si les ventes de Ford Mustang aux USA baissent depuis 2015, date de lancement de l’actuelle génération du coupé, elles sont en constante croissance hors États-Unis.

Selon IHS Markit, moins de 100.000 Mustang se sont vendues aux USA en 2017 (contre 134.000 deux ans auparavant). Hors États-Unis, ce sont 34.500 Mustang qui se sont écoulées, contre à peine 12.000 en 2015. A titre de comparaison, seules 32.000 Porsche 911 ont été vendues l'an dernier dans le monde, États-Unis compris.

Certes, le prix de la 911 et de la Mustang ne sont pas équivalents. En France par exemple, l’allemande débute à 100.295 euros, l’américaine à 39.900 euros, pour une différence de puissance de seulement 80 chevaux (370 contre 290 chevaux). L’américaine a aussi pour elle l’attrait de la nouveauté.

La Mustang n’est en effet commercialisée directement par Ford en Europe (et sur de nombreux autres marchés) que pour la première fois. Auparavant, il fallait passer par des importateurs, moyennant souvent une commission importante. En 2018, Ford continue de déployer l'exportation de la pony car sur de nouveaux marchés. Elle est ainsi vendue depuis le début de l’année au Brésil et au total dans 140 pays. De quoi accroître grandement les volumes. Nonobstant ces petites nuances, le succès de l’américaine hors de son marché domestique est bien réel.

"C’est vraiment une part du rêve américain qui a en fait su évoluer, résume à Bloomberg Ian Fletcher, analyste chez IHS Markit. C’est toujours un vrai véhicule de niche, mais dès que les gens la voient, ils ont envie de l’acheter. C’est un objet qui touche le cœur et l’âme".

Et remplit le porte-monnaie de Ford.

Une icône au prix fort

Le mythe Mustang a en effet un potentiel financier important, au-delà des volumes, même si Ford ne communique pas l'argent gagné sur le nom et sur les ventes de Mustang. L'authenticité se facture en effet au prix fort hors USA.

Le constructeur américain a su adapter la pony car aux différentes réglementations locales (environnement, sécurité), et aux goûts plus aiguisés en termes de finition et de conduite des acheteurs européens notamment, tout en conservant ce qui fait son succès: le V8 qui consomme trop, la qualité de finition approximative parfois, le bruit. La version restylée ajoute un écran digital pour les compteurs, et une boite automatique 10 rapports. Le business-model élaboré en 2015 fonctionne. 

Ainsi, quand la Mustang coupé dotée du V8 démarre à 35.190 dollars (28.490 euros) de l’autre côté de l’Atlantique, elle est facturée 46.900 euros minimum (57.920 dollars) en France… Même avec les frais d’acheminement, et sans donner de détails, le constructeur américain semble s’y retrouver.

"Quand on parle de capacités à fixer les prix de sa marque, on veut que les clients la choisissent pour des raisons rationnelles, mais si on peut coupler cette rationalité avec des raisons émotionnelles, c’est là que vous avez la capacité de fixer un prix qui vous convient, expliquait en 2017 à Reuters Peter Fleet, patron de la région Asie-Pacifique pour Ford. La Mustang et le F-150 Raptor (une version très puissante du pick-up best-seller de Ford, ndlr) permettent cela".
Pauline Ducamp