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Les banques françaises, les plus éprouvées dans la tourmente

Les banques françaises, prises dans la tourmente de la crise de la dette en zone euro, tentent désespérément de rassurer le marché sur leur solidité financière mais les discours apaisants ne parviennent pas à endiguer la spirale baissière de leur cours de

Les banques françaises, prises dans la tourmente de la crise de la dette en zone euro, tentent désespérément de rassurer le marché sur leur solidité financière mais les discours apaisants ne parviennent pas à endiguer la spirale baissière de leur cours de - -

par Matthieu Protard PARIS (Reuters) - Les banques françaises, prises dans la tourmente de la crise de la dette en zone euro, tentent désespérément...

par Matthieu Protard

PARIS (Reuters) - Les banques françaises, prises dans la tourmente de la crise de la dette en zone euro, tentent désespérément de rassurer le marché sur leur solidité financière mais les discours apaisants ne parviennent pas à endiguer la spirale baissière de leur cours de Bourse.

Après BNP Paribas mercredi, c'était lundi au tour de la Société générale de monter au créneau pour assurer que la banque française est capable de faire face à ses engagements sur les dettes publiques des Etats fragilisés de la zone euro.

La SocGen, qui a vu sa capitalisation boursière s'effondrer depuis le début de l'année, entend renforcer ses fonds propres de quatre milliards d'euros d'ici 2013 par le biais de cessions d'activités et de réductions de ses coûts, mais exclut toujours toute augmentation de capital.

Le Fonds monétaire international estime pourtant que les banques françaises sont sous-capitalisées par rapport à leurs concurrentes européennes. Sa directrice générale Christine Lagarde a même évoqué vendredi un risque de liquidité pour le système bancaire.

Avec une crise de la dette à laquelle les Européens ne parviennent pas à répondre, les investisseurs manifestent d'ailleurs de plus en plus d'inquiétudes pour la solidité du système bancaire européen, au point que certains analystes évoquent désormais de possibles interventions de l'Etat comme ce fut le cas en octobre 2008 après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers.

Le ministre français de l'Industrie, Eric Besson, a écarté cette éventualité, jugeant "totalement prématuré" le scénario d'une nationalisation partielle des banques.

Le ministre de l'Economie, François Baroin, a assuré de son côté qu'il n'y avait ni risque de solvabilité, ni risque de liquidité pour les banques françaises. Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, également membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), a aussi laissé entendre que les banques pouvaient résister à un éventuel défaut de la Grèce.

"La Grèce focalise l'attention à court terme mais le marché s'interroge sur ce qui va se passer demain sur l'Espagne et l'Italie", commente Alexandre Baradez, analyste chez Saxo Banque. "L'exposition des banques françaises aux dettes souveraines italienne et espagnole est beaucoup plus élevée que sur la Grèce."

L'ITALIE EN LIGNE DE MIRE

Avec une exposition de 24 milliards d'euros à la dette italienne, BNP Paribas, qui a été perçue comme l'une des banques les plus sûres et les plus épargnées par la crise, est aujourd'hui rattrapée par la crise de la dette.

Son titre accuse lundi la plus forte baisse de l'indice bancaire européen et de l'indice CAC 40.

Avec un titre en baisse de près de 12% à 15h05, la banque voit sa capitalisation boursière chuter de 45% depuis le début de l'année, à 31,65 milliards d'euros.

Crédit agricole et Société générale voient leurs cours plonger de 47,5% et de 60% depuis le 1er janvier.

Ailleurs en Europe, l'allemande Commerzbank et l'italienne Unicredit ont aussi perdu plus de 60% de leur valeur depuis début 2011.

"Si les valeurs bancaires chutent encore à des niveaux largement inférieurs à la valeur de leurs actifs, cela va finir par poser des problèmes de liquidités aux banques car la valeur de leurs actifs sert de garantie pour avoir accès à la liquidité de la BCE", remarque Alexandre Baradez.

Révélateurs des inquiétudes du marché, les CDS (credit default swap, mesure du coût d'assurance contre un défaut) à cinq ans des banques françaises sont lundi en nette hausse, alors que BNP, Crédit agricole et SocGen se préparent à être dégradées par l'agence Moody's.

En milieu de matinée, le CDS de la SocGen était en hausse de 28 points de base à 414 pb après avoir atteint 432 points de base dans les premiers échanges. Celui de BNP Paribas avançait de 25 points de base à 300.

Depuis fin août, en dépit de la fermeture du marché monétaire américain consécutive à la dégradation de la note des Etats-Unis par Standard & Poor's, les grandes banques françaises assurent n'avoir aucune difficulté pour se refinancer.

Pour autant, les analystes reprochent aux banques françaises, BNP Paribas et SocGen en tête, d'être trop dépendantes des refinancements à court terme.

Mercredi dernier, les analystes de Barclays Capital montraient ainsi dans leur note de recherche que les financements à court terme, c'est-à-dire à moins de trois mois, représentaient 60% de leurs financements, ce qui les rend plus vulnérables en cas de tensions sur le marché du refinancement bancaire.

Avec Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Dominique Rodriguez