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Les banquiers sont-ils toujours de bon conseil?

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Une enquête de « 60 millions de consommateurs », montre que plus de la moitié des conseillers en placement font le contraire de ce que vous leur demandez. «Les jeunes loups vont évidemment vendre des placements à risques», assurent certains banquiers.

Votre conseiller bancaire est-il toujours de bon conseil ? Au-delà des frais bancaires et des crédits sur lesquels les banques sont souvent épinglées, le magazine « 60 millions de consommateurs » qui sort ce jeudi a envoyé des « clients mystères » dans 180 agences de neuf grands réseaux bancaires pour des conseils en placement. A chaque fois, la même question : « J'ai hérité de 60.000 euros, je veux un placement sécurisé, que me proposez-vous ? »
Résultat : 54% des conseillers orientent les « clients mystères » vers des placements risqués, alors que le client réclame un placement sans risques expliquant qu'il sera amené dans le futur à financer les études de commerce de son enfant. En cause : le système des commissions des conseillers sur certains produits financiers. Ils l'avouent même quand la question leur est posée. Ils sont pris en tenaille entre l'intérêt de la banque qui leur fixe des objectifs rémunérés, et celui de leur client.

« Les plaintes se multiplient »

« Depuis deux ans, remarque Serge Maître, président de l’association française des usagers des banques, (AFUB), on constate une multiplication des plaintes. Les épargnants accusent des pertes de capital de 20/30% voire plus. Et ça, ce n’est pas conforme, ni à l’engagement de l’établissement tel qu’il avait été présenté par le conseiller commerciale, mais surtout au souhait des consommateurs qui voulaient faire fructifier leur épargne mais sans risque et sans insécurité ».

« Des produits financiers avec de la dette grecque »

« Le conseiller qui est intéressé financièrement va packager des produits financiers dans lesquels on ne sait pas vraiment ce qu’il y a dedans, de la dette grecque, italienne, affirme sur RMC Jean-François, banquier à Bordeaux. Le conseiller va englober tout ça et tenter de mettre son produit en avant. Le jeune loup qui, pour se faire bien voir de l’entreprise va exploser ses lignes d’objectif, va évidemment vendre des placements à risque ».

« Une relation de confiance sur le long terme »

Si les banquiers sont intéressés sur les produits qu’ils vendent, le long terme et la confiance sont primordiaux dans ce métier. « On est une entreprise commerciale, explique Arnaud, conseiller bancaire à la Caisse d'Epargne à Paris. Maintenant on est aussi dans une relation avec des clients. Ce n’est pas n’importe quel produit, on parle de leur épargne, leurs placements. On est dans une relation de confiance et de long terme avec les clients. Placer un produit et que le client en soit déçu et quitte la banque au bout de 6 mois n’a aucun intérêt pour nous ».

« Les Français ne veulent prendre aucun risque avec leur épargne »

Lionel Maugain est journaliste à 60 millions de consommateurs. C'est l'auteur de l'étude. Pour lui, beaucoup de placement sont risqués. « Un plan d’épargne en action c’est un placement risqué, une assurance vie en unité de compte est un placement risqué. Les actions, les Sicav sont des placements risqués. Les Français ne veulent prendre aucun risque avec leur capital. Et donc quand on demande un placement sécurisé à 100% à son banquier pour la somme qu’on va lui confier, il est quand même anormale qu’on se retrouve avec une partie de l’argent investie en bourse qui est par définition un placement risqué ».

T. de Dieuleveult A.Perrin