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Les boulangeries industrielles bataillent pour ouvrir leurs boutiques 7 jours sur 7

Une loi sème la discorde entre artisans boulangers et industriels de la boulangerie. (image d'illustration)

Une loi sème la discorde entre artisans boulangers et industriels de la boulangerie. (image d'illustration) - Mychèle Daniau - AFP

La Fédération des entreprises de boulangerie appelle une nouvelle fois l'État à abroger une loi de 1919 interdisant aux boulangers d'ouvrir leurs commerces tous les jours.

La guerre du pain est-elle déclarée? S'appuyant sur un sondage commandé auprès de l'Ifop, la Fédération des entreprises de boulangerie (FEB), regroupant de grands acteurs industriels comme Brossard, Jacquet, La Mie Câline, France Pain ou encore Paul (propriété du groupe Holder) relance son combat contre la fermeture hebdomadaire des boulangeries et des dépôts de pain.

Cette fédération professionnelle, qui détient 45% du marché français de la boulangerie et dont les adhérents ont réalisé 8,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires, souhaite que l'État abroge un texte de loi datant quasiment d'un siècle. Pour appuyer sa demande, l'organisation professionnelle met en avant le fait que 87% des sondés jugent "important de trouver du pain à proximité de leur domicile" et ce, quand ils le veulent. 

Une atteinte "à la liberté d'entreprendre" 

Depuis 1919, des arrêtés préfectoraux imposent aux boulangers de fermer leurs boutiques au moins un jour par semaine. Une mesure prise afin que ces professionnels bénéficient d'un jour de repos hebdomadaire, même si des dérogations existent pour les commerces situés dans les zones touristiques ou à l'approche de certaines périodes de fêtes (Noël, Pâques...). Mais cette réglementation ne s'applique pas aux enseignes de la grande distribution.

Or les grandes, moyennes et petites surfaces (Auchan, Intermarché, Carrefour City, etc.) sont désormais régulièrement ouvertes sept jours sur sept. Et il est de plus en plus fréquent d'y trouver un rayon boulangerie proposant du pain à toute heure de la journée. Ce qui crée une distorsion de concurrence aux yeux de la Fédération des entreprises de boulangerie. 

"La liberté d'entreprendre doit l'emporter dans un contexte où l'emploi et la croissance sont de retour", tempête Matthieu Labbé, délégué général de la FEB, dans le quotidien Les Échos. Il se félicite d'ailleurs que "des arrêtés préfectoraux [aient] déjà été stoppés dans une quinzaine de départements". Les artisans mais aussi les chaînes de boulangeries peuvent donc y ouvrir sept jour sur sept. Ce que regrettent, pour leur part, les membres de la Confédération nationale de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie française. 

Les boulangers "ont bien besoin d'une journée de repos"

"Dès que vous ne fabriquez pas, que vous avez juste à acheter de la pâtisserie ou du pain surgelé, vous pouvez employer des gens sans formation, qui peuvent faire ça sept jours sur sept. C'est très facile", explique Dominique Anract, le président de cette organisation professionnelle, représentant les artisans boulangers, au micro de RMC.

"Nous, on fabrique et nous n'avons pas les moyens de payer des gérants pour tenir l'affaire en permanence. Les boulangers ont bien besoin d'une journée de repos", poursuit-il. 

Selon la Confédération nationale de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie française, l'ouverture continue des enseignes comme La Mie Câline ou Paul mettrait en péril environ 180.000 actifs au sein des 32.000 boulangeries artisanales et dépôts de pains répartis sur le territoire.

En outre, le Syndicat des boulangers du Grand Paris, qui représente les 1060 boulangeries de la capitale, a décidé d'attaquer l'État en justice. L'organisation reproche aux autorités de ne pas faire respecter aux petits commerces dotés d'un dépôt de pain le jour de fermeture obligatoire. 

Antonin Moriscot