BFM Business
Entreprises

Les « décideurs » frappés par le marasme

-

- - -

Le baromètre des décideurs publiés par BFMbusiness en partenariat avec Viavoice, HEC et Le Figaro, montre que les décideurs n’échappent pas à la morosité ambiante

A l’heure où l’ensemble de l’opinion publique exprime une inquiétude croissante sur l’emploi et le pouvoir d’achat, les décideurs ne semblent pas en mesure d’apporter un relai d’optimisme. Au contraire, leur moral, tel qu’il est mesuré par l’institut Viavoice avait déjà chuté de manière spectaculaire lors de la rentrée de septembre, brisant pour la première fois de manière nette une dynamique engagée depuis plus de trois, et initiée en autre par le « pacte de responsabilité » de François Hollande. Les choses se sont encore légèrement aggravées en octobre.

Les décideurs suivent les français sur deux thématiques où ils pourraient se sentir moins menacés : le pouvoir d’achat et l’emploi. Sur le pouvoir d’achat « l’entrée en vigueur des mesures gouvernementales sur les cotisations sociales ou la taxe d’habitation n’a eu aucun effet notable » constate François Miquet-Marty le président de l’institut Viavoice : 34% des décideurs pensent que leur situation financière personnelle va se dégrader (57% pour l’ensemble des français) contre 19% qui pensent qu’elle va s’améliorer (13% pour l’ensemble des français). Sur le chômage, les cadres ne sont pas forcément inquiets pour leur situation personnelle, en revanche ils le sont pour le pays, et 40% d’entre eux pensent que le chômage va augmenter (56% pour l’ensemble des français) , contre 16% seulement qui pensent qu’il va continuer à diminuer (contre 13% pour l’ensemble des français).

Mais c’est sur leur carrière que les décideurs envisagent un coup d’arrêt, 75% d’entre eux jugent « faibles » les opportunités de progression dans les mois qui viennent, ce qui provoque une baisse de motivation : 49% des cadres jugent que leurs collaborateurs ne sont « pas vraiment » ou « pas du tout » motivés.

Les syndicats n’en profitent pas

Les syndicats de salariés ne profitent absolument pas de ce désenchantement, et au contraire, les affaires qui touchent F.O ou avant elle la CGT, rejaillissent sur l’ensemble des organisations représentatives, comme le redoutait d’ailleurs récemment le président du MEDEF Geoffroy Roux de Bézieux : 62% des décideurs et 54% des français jugent que ces affaires sont « symptomatiques de dysfonctionnements internes graves existants dans la plupart des syndicats et des entreprises ».

Pour le reste, 43% des décideurs jugent que les syndicats « sont un frein à la réforme en France et qu’il faut réduire leur sphère d’influence et de décision », une proportion qui s’inverse toutefois quand on pose la question à l’ensemble des français, qui sont 42% à penser que les syndicats sont utiles « pour engager les transformations dont la France a besoin », contre 35% qui pensent le contraire. Mais quand on interroge les Français précisément sur les syndicats auxquels ils sont prêts à accorder leur confiance, le résultat est impitoyable : 43% disent « aucun », puis vient la CFDT à seulement 16%, avant la CGT à 15% (respectivement 17% et 10% pour les décideurs) et seuls un tiers des français jugent que les syndicats n’ont pas assez de pouvoir aujourd’hui dans les entreprises. Enfin, une éventuelle obligation de se syndiquer receuille une opposition franche : 72% des décideurs et 69% de l’ensemble des français sont contre.

Un désaveu « qui ouvre la voie à des formes de contestations spontanées aux issues incertaines » commente François Miquet-Marty, les gilets jaunes en étant la démonstration parfaite, tant sur la spontanéité que sur l’incertitude de l’issue