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Energie

Les énergies propres sont la principale source de production électrique dans l'UE

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Selon Eurostat, les énergies renouvelables représentaient en 2014 plus de 29% de la production électrique en Europe, devant donc le nucléaire (27%). Mais la France reste clairement à la traîne par rapport à ses voisins.

C'est un changement majeur qui a eu lieu il y a trois ans, mais qu'Eurostat vient de mettre au jour. Selon l'institut européen de la statistique en effet, les énergies renouvelables sont désormais la première source de production électrique dans l'Union Européenne. C'est en 2013 que pour la première fois l'hydraulique, l'éolien, le solaire et autres bio-masse ont dépassé le nucléaire et le charbon. Et l'écart s'est clairement creusé en 2014, dernière année pour laquelle Eurostat dispose de statistiques pour l'ensemble des 28 pays de l'Union européenne.

Il y a deux ans, sur une production totale de 3.190 TWh, le charbon représentait 808 TWh, le nucléaire 876 TWh et les énergies renouvelables 930 TWh. Voilà ce que cela représente en pourcentages:

1. Energies renouvelables: 29,2%

2. Nucléaire: 27,5%

3. Charbon et dérivés: 25,3%

4. Gaz naturel et dérivés: 15,4%

5. Pétrole et dérivés: 1,8%

L'éolien assure 8% de l'électricité européenne

Une montée en puissance logique qui s'explique tout d'abord par la relative baisse des sources d'énergie qui dominaient il y a encore quelques années. Ainsi, avec 1.000 TWh en 2004, le nucléaire était à l'origine de plus de 30% de l'électricité produite en Europe. Devant le charbon (29,8%) et loin devant le renouvelable (15%). Mais depuis la catastrophe de Fukushima, la production a sensiblement baissé passant de 916 TWh en 2010 à 876 en 2014. Le charbon aussi a reculé ces 10 dernières années. L'électricité produite à partir des énergies fossiles solides est passé de 985 TWh en 2004 à 808 en 2014.

Et si nucléaire et charbon ont légèrement reculé ces 12 dernières années, le renouvelable a, lui, connu sur la période une progression constante. Entre 2004 et 2014 la production électrique propre a presque doublé passant de 488 TWh à 930 TWh. Et si c'est l'hydraulique qui reste le plus gros pourvoyeur de la catégorie (43%), son poids a tendance a reculer, année après année, avec la montée en puissance du photovoltaïque et surtout de l'éolien. L'hydraulique représentait 94% du renouvelable dans les années 90. 

Mais en une décennie, l'électricité générée par le vent est passée de 59 à 253 TWh. Elle représente désormais 27% de la catégorie "énergie renouvelable" et près de 8% de l'ensemble de l'électricité produite en Europe. Le photovoltaïque a lui connu une forte progression à partir des années 2010 avec néanmoins un léger ralentissement depuis deux ans.

La France à la traîne

Dans ce contexte, la France est à contre courant. Le pays qui compte 19 centrales nucléaires pour 58 réacteurs produit très majoritairement une électricité issue de l'atome. En 2015, le thermique nucléaire représentait 76,3% de la production contre 27,5% au niveau européen. D'ailleurs, avec 436 TWh l'Hexagone produit à lui seul 50% de l'électricité nucléaire en Europe. Certes en France aussi le renouvelable progresse mais son poids n'est que de 16%, à peine plus de la moitié de la moyenne européenne. Et il reste encore largement tributaire de l'hydraulique (12%). L'éolien (3%) et le photovoltaïque (1%) restent marginaux dans l'Hexagone. La France est aujourd'hui, avec 21 TWh, le quatrième plus gros producteur d'électricité éolienne en Europe, mais elle reste loin derrière l'Allemagne (88 TWh) et l'Espagne (48 TWh).

Et si les énergies vertes ont progressé de 5,7% en 10 ans, l'Hexagone n'atteindra certainement pas les objectifs de la directive européenne de 2009. Celle-ci prévoit que le renouvelable pèse 23% de la consommation électrique d'ici 2020, soit 8 points de plus qu'en 2015. La faute à un éolien qui ne se développe pas assez vite comparé aux autres pays. Principalement à cause de la guerre juridique menées par les associations anti-éolien qui bloquent tout nouveau projet. Mais avec la loi de sur la transition énergétique, les professionnels gardent bon espoir d'atteindre les objectifs de 2030. Cette année-là, les filières vertes devraient représenter 40% de la production électrique française. 

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco