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Les entreprises se trompent d'arguments pour attirer les talents

"La dernière étude Randstad sur l'attractivité des employeurs montre un décalage flagrant entre les arguments susceptibles d'attirer les meilleurs profils et ceux que proposent les entreprises."

Les Français et l'entreprise ne sont clairement pas sur la même longueur d'ondes. C'est un des enseignements de la 7ème étude de l'agence d'intérim Randstad sur l'attractivité de la marque employeur. Au cœur de la guerre des talents, il y a clairement un pont -voire même un aqueduc- entre ce qui intéresse les candidats et ce que proposent les entreprises.

Premier exemple: lorsqu'on demande aux Français quel est l'argument le plus convaincant pour les motiver à rejoindre une entreprise, ils évoquent en premier lieu un bon salaire. En deuxième, c'est la bonne ambiance au travail, et en troisième, la sécurité de l'emploi.

Le problème, c'est que les recruteurs, eux, n'ont pas du tout compris ce message. Ils sont convaincus que le tiercé gagnant pour attirer les salariés, c'est d'abord la santé financière solide de l'entreprise, puis un management efficace, et enfin de belles opportunités en termes de formation.

Rien ne sert de parler de sa politique sociale et environnementale 

Ce décalage entre propositions et attentes présentent un risque pour les entreprises: celui de perdre de bons candidats, justement à l'heure où les profils de cadres se font rares et que les recruteurs se les arrachent.

Concernant leur salaires par exemple: ils ont certes augmenté en 2015, de 1,2%, et même plus qu'en 2014, mais ces gratifications restent trop modestes. "Après avoir fait le dos rond depuis la crise de 2008-2009, l’heure de la revalorisation salariale semble avoir sonné", explique François Béharel, le président de Randstad France.

La plupart des marques répondront que mieux payer les salariés est plus facile à dire qu'à faire dans un contexte de croissance faible. Du coup, nombre d'entre elles préfèrent du coup mettre en avant par exemple leur politique en matière de responsabilité sociale et environnementale (RSE).

Elles ne devraient pas. Les salariés considèrent que ces questions vont de soi, qu'il n'est pas nécessaire de les mettre en avant. C'est même contre-productif: les meilleurs candidats pourraient trouver louche que l'entreprise insiste ainsi sur son éthique sociale et écologique. Comme si ce n'était pas dans sa nature d'avoir de telles valeurs, qu'il fallait le redire pour y croire.

Conclusion: le cocktail 2016 pour attirer et garder les talents n'est pas simple. Il faut sortir le chéquier et avoir l'air d'une entreprise cool. Mais surtout sans le dire...

Laure Closier, édité par N.G.