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Les Français boudent la télévision, la faute à Netflix ?

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- - Stéphane de Sakutin- AFP

Le temps passé devant la télévision traditionnelle a nettement reculé en 2018, selon le bilan présenté mercredi par Médiamétrie. Plusieurs facteurs sont en cause, comme la météo ou le piratage, mais impossible d'ignorer un effet Netflix.

En 2018, les Français ont moins regardé la télévision traditionnelle : 3 heures 36 minutes par jour pour le direct et le replay sur le téléviseur, soit une baisse brutale de 6 minutes sur un an. Le recul du live n'est pas une nouveauté, mais ces dernières années, la progression du replay jouait un rôle d'amortisseur. Le repli de la durée d'écoute n'avait été ainsi que d'une minute en 2017 et en 2016. La baisse est, en revanche, depuis longtemps plus prononcée chez les jeunes et le mouvement s'accélère. En 2018, le recul du temps passé quotidiennement devant la télévision traditionnelle a été de 12 minutes chez les 15-49 ans et de 15 minutes chez les 15-34 ans.

Une partie de cette audience perdue n'échappe toutefois pas complètement aux chaînes traditionnelles, grâce au report de la consommation sur ordinateur, tablette et smartphone. En 2017, ces nouveaux usages représentaient 9 minutes de consommation supplémentaire par jour, mais il n'existe malheureusement pas de point de comparaison pour 2018, car Médiamétrie a changé sa méthodologie.

Prise en compte du hors domicile

Désormais, l'institut présente un chiffre qui prend à la fois en compte les nouveaux écrans et, grande nouveauté, la consommation de la télévision hors du domicile (bar, restaurant, entreprise). Le total de ces usages a pesé 10 minutes de durée d'écoute quotidienne en 2018. Il semble malgré tout peu probable, même en intégrant ces nouveaux indicateurs, que le temps passé devant les chaînes de télévision, quel que soit le support, ait pu progresser l'an dernier. En effet, la télévision traditionnelle en live pèse toujours 90% de la durée d'écoute globale, contre 2% pour le hors domicile, 3% pour les écrans internet et 5% pour le replay sur le téléviseur. 

La tendance baissière est bien là, et plusieurs éléments d'explication sont avancés. L'année 2018 a été la plus chaude depuis 1900, selon Météo France, or la consommation de télévision est sensible aux variations de température. La repli spectaculaire de 18 minutes de la durée d'écoute au mois de septembre dernier s'expliquerait notamment par un été prolongé. Le piratage a aussi pu jouer un rôle : 2,3 millions d'internautes ont, par exemple, consulté des sites pirates de programmes sportifs en septembre 2018, constate Médiamétrie, soit une hausse de plus de 50% sur un an. 

La consommation de SVOD double

Difficile malgré tout cela de ne pas évoquer l'impact de la vidéo par abonnement et de Netflix en particulier. Plus de 4 millions et demi de Français regardent désormais chaque jour un programme en vidéo par abonnement, selon Médiamétrie. Cela s'accompagne d'un doublement de la consommation de SVOD sur l'année 2018 ! A noter que la majorité du visionnage est réalisé sur l'écran de télévision (68%), devant l'ordinateur (19%), le smartphone (9%) et la tablette (4%). 

Il est surtout intéressant de constater cette poussée au sein de la consommation totale de vidéo. Entre 2016 et 2018, les contenus issus de la vidéo payante (SVOD et VOD) sont passés de 1% à 4% du temps consacré au visionnage de programmes télévisés. Ceux issus de Youtube et des autres services gratuits ont progressé de 6% à 10%. Sur la même période, les programmes issus des chaînes traditionnelles, quel que soit l'écran, en direct ou en différé, ont été ramenés de 93% à 86%. Chez les 15-24 ans, la bascule est spectaculaire : la SVOD est passé de 3% à 15%, la vidéo gratuite de 20% à 28%, tandis que les chaînes traditionnelles ont été ramenées de 76% à 57%. Et ça, en seulement deux ans !

Pour la première fois chez les jeunes, la télévision en live a même représenté moins de la moitié de l'ensemble de la consommation de programmes (43%) en 2018. C'est désormais le rythme de cette bascule chez les plus âgés qu'il va falloir scruter.