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Les Français connaîtront l'origine des plats cuisinés dès janvier prochain

l'entrée en vigueur de ce système est prévue le 1er janvier prochain

l'entrée en vigueur de ce système est prévue le 1er janvier prochain - Charly Triballeau - AFP

La Commission européenne va expérimenter un système d'étiquettes qui indiquera l'origine des produits transformés contenant du lait ou de la viande. Ceux qui contiendront plus de 8% de viande ou 50% de lait étrangers ne pourront être labelisés "produits d'origine française".

D'où vient la viande dans mon plat de lasagnes ou le lait de mon fromage? Les consommateurs français pourront le savoir à partir du 1er janvier grâce à l'étiquetage de l'origine des ingrédients des plats cuisinés, une expérience unique en Europe.

Aujourd'hui seul l'étiquetage de l'origine des produits bruts est permis en Europe. Mais l'étiquetage des produits transformés est réclamé depuis longtemps par les associations de consommateurs, et notamment depuis le scandale causé en 2013 par la découverte de lasagnes à la viande de cheval, frauduleusement utilisée à la place de viande de boeuf.

Un appel largement relayé par les agriculteurs français, qui dénoncent depuis des années lors de leurs manifestations l'utilisation par les industriels de la transformation de produits venant de l'étranger au détriment des leurs, et voient dans cette mesure une façon d'encourager la promotion et l'achat de produits 100% français.

Une expérimentation de deux ans

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a donc demandé à la Commission européenne de pouvoir tester ce mode d'étiquetage en France et a reçu le feu vert en mars dernier pour mener cette expérimentation qui débutera le 1er janvier prochain et durera deux ans, jusqu'au 31 décembre 2018. Ce sera une première en Europe.

Le décret qui rend obligatoire l'indication de l'origine du lait ainsi que des viandes, utilisés en tant qu'ingrédients dans les denrées alimentaires préemballées, avait été publié le 21 août au Journal officiel, et les professionnels attendaient depuis la précision sur les quantités prises en compte.

C'est aujourd'hui chose faite: selon le ministère, seuls les produits transformés avec 100% de viande française ou 100% de lait français pourront porter l'étiquette "Produit d'origine française".

Des seuils

Et Stéphane Le Foll a profité de son passage jeudi au Salon international de l'élevage à Rennes, le Space, pour préciser que les produits transformés contenant de la viande ou du lait ne seront pas étiquetés "Produit d'origine française" dès lors qu'ils contiendraient plus de 8% de viande ou 50% de lait de provenance étrangère.

Ces produits devront obligatoirement mentionner l'origine du produit étranger: pour la viande, le pays de naissance, d'élevage et d'abattage des animaux. Pour le lait: le pays de collecte, de conditionnement et de transformation.

Et pour les produits en deçà des seuils fixés par le ministère, la mention de l'origine ne sera pas obligatoire mais ils ne pourront pas pour autant revendiquer la mention "Produits d'origine française". L'arrêté sera pris la semaine prochaine, a-t-il ajouté.

L'étiquetage pour les produits contenant de la viande ou du lait d'origine étrangère au-dessus des seuils fixés par le ministère sera obligatoire. Il précisera l'origine du produit: pour la viande, le pays de naissance, d'élevage et d'abattage des animaux. S'agissant du lait, il concernera le pays de collecte, de conditionnement et de transformation.

"Les consommateurs veulent la transparence"

Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA, a exprimé sa "satisfaction", à l'annonce de ce seuil de 8%, "un taux qui nous va bien", car "nous voulions un taux bas pour intégrer les plats préparés", où il y a de petites quantités de viande, a-t-elle assuré."Nous demandions 5% et la transformation plaidait pour 15%", selon elle.

Après le "drame des lasagnes de cheval", les associations de consommateurs comme les agriculteurs "voulaient que les produits français soient mis sur le devant de la scène", explique Christiane Lambert.

"Tout ce qu'on fait sur l'origine va obliger tous les acteurs à revoir leurs stratégies d'approvisionnement", et en parallèle espère-t-elle, "à remonter le niveau des prix" payé aux agriculteurs.

"L'industrie agroalimentaire va devoir se faire à l'idée que les consommateurs veulent la transparence", a pour sa part déclaré à l'AFP le président de l'UFC-Que Choisir, Alain Bazot, qui dit "se féliciter des seuil retenus".

Le taux de 8% pour la viande est "satisfaisant car cela concerne la majorité des plats cuisinés, raviolis ou lasagnes, fabriqués en France", explique-t-il. "Cela répond à une attente forte des consommateurs, qui ne veulent pas d'informations génériques du type: origine UE", selon lui. 

J.M. avec AFP