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Les grandes surfaces bientôt obligées de donner leurs invendus?

Les grandes surfaces distribuent déjà 32.000 tonnes d'invendus aux banques alimentaires.

Les grandes surfaces distribuent déjà 32.000 tonnes d'invendus aux banques alimentaires. - Remy Gabalda - AFP

Le député PS Hervé Féron a déposé un amendement à la loi Macron pour obliger les magasins à offrir leurs invendus aux associations d’aide alimentaire. Une perspective qui inquiète toutefois la grande distribution.

Les grandes surfaces pourraient bientôt être obligées de donner leurs invendus alimentaires aux associations. Le débat va en tout cas revenir à la surface avec l'arrivée du projet de loi pour l'activité d'Emmanuel Macron dans l'hémicycle, qui sera examiné en commission dès le 12 janvier.

Le député PS Hervé Féron a, en effet, annoncé sur son blog qu'il allait déposer un amendement à ce texte pour pouvoir forcer la main aux grandes surfaces.

Dans le détail, l'amendement consiste à "contraindre les magasins de commerce de détail d'une surface supérieure à 1.000 mètres carrés de proposer leurs denrées alimentaires invendues mais encore consommables à une ou plusieurs associations d'aide alimentaire", explique le député sur son blog.

Une première proposition de loi en septembre dernier

"Au moment où tout le monde se souhaite une bonne année, heureuse, prospère, l'actualité malheureusement nous ramène à une terrible réalité: en France, on meurt encore des difficultés à se loger, à se nourrir, à se soigner", poursuit Hervé Féron.

Cet amendement reprend, de fait, une proposition de loi présentée en septembre dernier par une soixantaine de députés. Mais cette proposition, alors portée par le député UMP du Nord Jean-Pierre Decool, n'est jamais arrivée jusqu'à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale.

Les inquiétudes de la grande distribution

Les dons alimentaires sont d'autant plus faciles pour les entreprises de la grande distribution que ces dernières peuvent déduire de leur impôt sur les sociétés 60% du montant des marchandises (dans la limite de 0,5% de leur chiffre d'affaires). Néanmoins l'initiative portée par les élus n'a pas les faveurs des grandes surfaces. "Légiférer dans un système qui actuellement fonctionne très bien pourrait entraîner des perturbations, voir des dysfonctionnements", redoute Fabienne Prouvost, la présidente de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution, citée par Le Parisien. "Si nous devons tous donner sans distinction, les produits ne seront plus choisis et donc de moins bonne qualité", ajoute-t-elle.

Les grandes enseignes sont déjà nombreuses à offrir leurs excédents alimentaires. 1.400 magasins donnent ainsi quotidiennement leurs invendus aux banques alimentaires qui les redistribuent ensuite aux quelque 5.300 associations. Ainsi, sur les 52.000 tonnes collectées par ces mêmes banques alimentaires, 32.000 tonnes proviennent de la grande distribution, ce qui représente l'équivalent de 64 millions de repas.

J.M.