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Les industriels investissent de moins en moins... dans la protection de l'environnement

Les entreprises industrielles ont dépensé 1,4 milliard d'euros en 2017 pour protéger l'environnement.

Les entreprises industrielles ont dépensé 1,4 milliard d'euros en 2017 pour protéger l'environnement. - AFP

Malgré les pressions citoyennes et gouvernementales, les dépenses des entreprises industrielles dédiées à la protection de l'environnement diminuent.

Doit-on parler de contradiction entre la communication des entreprises industrielles au sujet de leurs initiatives pour protéger l'environnement et leurs actes concrets? On peut le croire à la lecture de la dernière étude de l'Insee sur la question.

Alors que ces problématiques prennent de plus en plus d'ampleur politique et citoyenne, les dépenses dédiées de ces entreprises se sont régulièrement repliées au cours des dernières années. Ainsi, en 2017, les établissements industriels de 20 salariés ou plus ont collectivement consacré 1,4 milliard d’euros à des investissements ou à des études destinés à protéger l’environnement, soit 2% de moins qu'en 2016, après -13% déjà en 2015. Au total, ces investissements sont en repli de près de 21% depuis 2012.

Quatre secteurs réalisent plus de 67% des investissements: l’énergie (423 millions d'euros), la chimie (210 millions), les industries agroalimentaires (186 millions) et la métallurgie-produits métalliques (98 millions). Mais ce sont avant tout les grands groupes qui mettent la main à la poche puisque 84% des établissements de 500 salariés ou plus ont engagé de telles dépenses antipollution contre 27% des établissements de 20 à 49 salariés.

Les investissements constituent l’essentiel de la dépense (79%, soit 1,1 milliard d'euros). Ils ont diminué de 3% en 2017 (après -17% en 2016 et -2% en 2015). En revanche, les montants consacrés aux études ont augmenté de 4% par rapport à 2016, passant de 279 à 289 millions d’euros en 2017.

Des investissements concentrés sur la qualité de l'air

40% des investissements antipollution visent à éviter ou à limiter les effets de l’activité sur la qualité de l’air (307 millions d'euros) ou, via les émissions de gaz à effet de serre, sur l’équilibre du climat (119 millions d'euros). Les autres dépenses importantes concernent les eaux usées (208 millions d'euros), les sols (143 millions d'euros) et les déchets (108 millions d'euros).

Les "investissements spécifiques", c’est-à-dire l’achat de matériels entièrement dédiés à la protection de l’environnement, représentent 85% des montants investis, loin devant les "investissements intégrés" (15%). Ces derniers correspondent aux surcoûts liés à l’intégration dans l’outil de production de produits ou procédés moins polluants que ceux disponibles de manière standard sur le marché.

Ces données, pas franchement encourageantes, sont à mettre en relation avec une autre étude de Bpifrance et de Rexecode qui s'intéresse aux PME, montrant que si près de la moitié des dirigeants anticipent déjà un impact du changement climatique modéré à fort sur le fonctionnement de leur entreprise d’ici 5 ans, 64% n’ont pas mis en place d’action ou de stratégie pour s’adapter à ces évolutions.

Olivier Chicheportiche