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Les japonais Suzuki et Toyota envisagent de se rapprocher

Toyota et Suzuki réfléchissent à unir leurs forces. (image d'illustration)

Toyota et Suzuki réfléchissent à unir leurs forces. (image d'illustration) - Montage BFM Business

Ex-partenaire de Volkswagen, Suzuki se verrait bien coopérer avec Toyota, toujours auréolé du titre de premier constructeur mondial.

"Toyota et Suzuki ont commencé à explorer les opportunités en vue d’une collaboration, avec la conviction que cela aidera les deux compagnies à relever leurs défis respectifs" ont précisé les deux groupes dans un communiqué, citant "les domaines de l’environnement, de la sécurité et des technologies de l’information". Un processus qui n’en est qu’à ses débuts selon Osamu Suzuki, président du conseil d'administration de Suzuki.

"J'ai pris contact avec Toyota début septembre. Nous allons maintenant démarrer les consultations, tout doit encore être défini", a-t-il déclaré aux côtés du PDG de Toyota, Akio Toyoda. Interrogés sur une possible alliance capitalistique, tous deux ont appelé à ne pas précipiter les choses.

"Nous volons réfléchir tranquillement" ont répondu les dirigeants, justifiant ce rapprochement par les mutations du secteur, qui vont voir arriver de nouveaux acteurs venus de l’univers technologique alors que se développe de plus en plus la conduite autonome.

Toyota pourrait mettre le cap sur l'Inde 

"L’environnement entourant l’industrie automobile connaît un changement rapide et radical sans précédent" expliquent les constructeurs. "En plus de la R&D qui est menée par chaque compagnie individuellement, il est de plus en plus important de travailler ensemble" sur les technologies du futur.

Cette alliance entre le numéro un mondial Toyota (autour de 10 millions de véhicules vendus par an) et Suzuki (2,8 millions hors deux-roues) avait déjà été évoquée dans la presse nippone en début d’année. Ce qui avait alors fait bondir les deux titres à la Bourse de Tokyo.

En se rapprochant de Suzuki, qui occupe une position dominante en Inde, grâce à la part de 56% détenue dans le premier constructeur mondial, Maruti-Suzuki, Toyota peut espérer se renforcer dans ce pays où il n’a pas vraiment décollé. Et "plus généralement sur les marchés émergents d’Asie" souligne Yoshiaki Kawano, analyste du secteur chez IHS Markit, contacté par l'AFP.

Ouvrir la page de l'après Volkswagen 

Suzuki, qui se retrouve tout seul après la rupture de son partenariat avec l'allemand Volkswagen, pourrait de son côté bénéficier de la puissance de Toyota, en plus de ses technologies hybrides ou à pile à combustible ainsi que de ses fonctionnalités de sécurité avancées. 

"Nous devons partager nos compétences, sinon dans l'environnement actuel, nous ne pourrons pas survivre", reconnaît Osamu Suzuki, patriarche de 86 ans, qui a connu tout au long de son règne des relations mouvementées avec ses partenaires. Suzuki s'est d'abord allié à l'américain General Motors (GM), avant de nouer en 2009 un accord avec Volkswagen qui a mal tourné. Les deux constructeurs s'accusant mutuellement de ne pas avoir respecté les termes contractuels. Ce litige a finalement été soldé l'an dernier.

Le marché nippon reste dynamique 

Si elle reste encore vague à ce stade, cette collaboration n'en marque pas mois une nouvelle étape dans la recomposition de l'industrie automobile japonaise, riche de huit constructeurs et même d'une dizaine en comptant les fabricants de poids-lourds.

En janvier, Toyota avait ainsi décidé d'acquérir la totalité de sa filiale de mini-voitures Daihatsu, marque qui, avec Suzuki, tire le marché nippon des mini-véhicules (cylindrées de mois de 660 cm3). En mai, c'était au tour de Nissan (partenaire du français Renault) de tendre la main à Mitsubishi Motors, en plein scandale de fraude, en annonçant une participation de 34% dans son compatriote. 

A.M. avec AFP