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Les liens troubles entre Lafarge et l'État islamique

Lafarge avait racheté la cimenterie syrienne en 2007 (photo d'illustration)

Lafarge avait racheté la cimenterie syrienne en 2007 (photo d'illustration) - Franck Fiffe - AFP

Plusieurs collaborateurs d'une cimenterie syrienne du groupe tricolore auraient passé des accords avec Daesh pour s'assurer que les voies de transport du site soient dégagées, révèle Le Monde.

Le groupe Lafarge s'est-il retrouvé à collaborer avec Daesh? C'est ce que révèle le quotidien Le Monde ce mardi 21 juin, précisant bien que l'entreprise du CAC40 a "indirectement et peut-être à son insu financé les djihadistes de l'EI (État islamique, autre nom de Daesh)".

L'histoire en question concerne une cimenterie du groupe située en Syrie à Jalabiya, dans le nord-est du pays. Acquise en 2007 à l'égyptien Orascom, elle a pu fonctionner malgré la guerre civile qui sévit dans le pays depuis 2011.

Victime d'un "profiteur de guerre"?

Mais à partir du printemps 2013, l'EI se rend maître des alentours de l'usine. Et selon des courriels révélés par Le Monde, Lafarge a tenté de passer des accords avec le groupe djihadiste pour s'assurer que les routes restent ouvertes pour ses employés et ses marchandises. Le quotidien cite des échanges entre Frédéric Jolibois, directeur du site syrien à partir de juillet 2014, et "un certain Ahmad Jaloudi", qui aurait eu le titre de "gestionnaire des risques pour Lafarge" et qui se chargeait de faire l'intermédiaire avec Daesh.

De précédents contacts avaient eu lieu entre le même Ahmad Jaloudi et Bruno Pescheux, le prédécesseur de Frédéric Jolibois, précise Le Monde. Le quotidien indique également que des camions Lafarge bénéficiaient d'un laisser-passer estampillé du tampon de l'EI.

Outre les voies d'accès, Lafarge aurait également acheté du pétrole et de la pouzzolane (une matière servant à la fabrication de ciment) à des fournisseurs eux-mêmes en lien avec Daesh. Le groupe avait cette fois recours à Ahmad Jamal décrit comme "un profiteur de guerre" par des sources citées par Le Monde.

Selon le quotidien, Frédéric Jolibois faisait alors face à un système dirigé par trois hommes (dont Jamal) qui "avaient pris le contrôle de l'usine" et "agissaient de concert, quitte à ne pas forcément tenir au courant la direction française de leurs arrangements". Un système qui a pris fin le 19 septembre lorsque Daesh a pris le contrôle de l'usine, en la pillant au passage. 

J.M.