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Les modalités de la recapitalisation des banques se précisent

Si les Européens ne sont pas parvenus à surmonter dimanche toutes leurs divergences sur les réponses à apporter à la crise de la dette en zone euro, les discussions ont toutefois permis, selon les analystes, de dissiper un certain nombre de zones d'ombre

Si les Européens ne sont pas parvenus à surmonter dimanche toutes leurs divergences sur les réponses à apporter à la crise de la dette en zone euro, les discussions ont toutefois permis, selon les analystes, de dissiper un certain nombre de zones d'ombre - -

par Matthieu Protard PARIS (Reuters) - Si les Européens ne sont pas parvenus à surmonter dimanche toutes leurs divergences sur les réponses à...

par Matthieu Protard

PARIS (Reuters) - Si les Européens ne sont pas parvenus à surmonter dimanche toutes leurs divergences sur les réponses à apporter à la crise de la dette en zone euro, les discussions ont toutefois permis, selon les analystes, de dissiper un certain nombre de zones d'ombre sur la recapitalisation du système bancaire européen.

Les dirigeants européens ont ainsi convenu lors du sommet de l'UE dimanche qu'une soixantaine de banques devront être recapitalisées à hauteur de 100 à 110 milliards d'euros, pour qu'elles atteignent un ratio de fonds propres "durs" de 9% à la mi-2012, tout en valorisant leurs titres de dette souveraine à leur valeur de marché.

Un accord en ce sens pourrait être signé mercredi lors d'un nouveau sommet précédant une réunion des 17 pays de l'euro dans la soirée.

Pour les banques françaises, Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, a précisé lundi que le besoin de renforcement des fonds propres serait inférieur à dix milliards d'euros.

"Le chiffrage français, ce sera moins d'une dizaine de milliards (d'euros, NDLR)", a fait savoir Christian Noyer sur la radio BFM. "C'est quelque chose qui est parfaitement absorbable par les banques elles-mêmes et qu'elles sont tout à fait à même de réunir sans aucune aide de l'Etat."

Les 110 milliards devraient inclure quelque 46 milliards déjà promis à l'Irlande, à la Grèce et au Portugal pour leurs établissements de crédit.

Vers 15h00, l'indice Stoxx des banques européennes avançait de 0,8%, les valeurs bancaires évoluant toutefois en ordre dispersé.

A Paris, Société générale et Crédit agricole progressaient de respectivement 1,9% et 1,2%. BNP Paribas, qui avait ouvert sur une nette hausse, se repliait de 0,52% à 31,615 euros.

Ailleurs en Europe, la banque allemande Commerzbank gagne 0,1% tandis que l'italienne Unicredit recule de 1,6%.

"DIGUE CONTRE LA CONTAGION"

"Recapitaliser les banques c'est bien. C'est une espèce de digue contre une contagion (de la crise de la dette, NDLR)", commente un analyste financier basé à Londres, qui n'a pas souhaité être nommé. "Mais le problème de départ c'est comment on gère le problème de la dette publique en Europe."

"A 100 milliards d'euros de recapitalisation, la barre est placé au bon niveau pour que le marché soit content sans que cela soit dramatique pour les banques européennes", souligne de son côté Pascal Decque, analyste chez Cheuvreux, qui rappelle que le Fonds monétaire international (FMI) avait chiffré cet été le déficit de capital des banques européennes à 200 milliards d'euros.

Toutefois, expliquent les analystes, les dirigeants européens doivent se mettre d'accord sur les modalités d'intervention du Fonds européen de stabilité financière (FESF) doté de 440 milliards d'euros.

Paris et Berlin étaient dimanche soir proches d'un accord sur une formule permettant d'accroître les capacités d'intervention du FESF, un élément essentiel de la réponse à la crise.

"Le point central maintenant c'est le FESF et la Banque centrale européenne (BCE)", insiste Pascal Decque, chez Cheuvreux. "L'implication de la BCE est déterminante pour la résolution de la crise de la dette souveraine."

Les négociations se poursuivent aussi sur des dépréciations supplémentaires sur la dette souveraine de la Grèce détenue dans le bilan des banques.

Selon une source bancaire allemande, les banques auraient proposé de porter la décote sur la dette grecque à 40% contre 21% précédemment, alors que certains responsables politiques, Allemands en tête, souhaiteraient des dépréciations d'au moins 50%.

Les Vingt-Sept ont dans le même temps évoqué une réactivation des mécanismes de garanties offertes aux banques à l'automne 2008, après la faillite de Lehman brothers, pour leur permettre de trouver des financements à moyen et long terme.

"Je doute que les Etats aient encore les moyens de le faire en direct comme en 2008, compte tenu des sommes en jeu qui menaceraient la notation de plusieurs pays européens. Par contre, si on trouve un moyen indirect via le FESF, c'est évidemment à étudier de près", fait remarquer un analyste parisien sous couvert d'anonymat.

Avec Alexandre Boksenbaum-Granier et Julien Ponthus, édité par Cyril Altmeyer