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Les mosquées marocaines se convertissent à l'énergie verte

Un "mosquée verte" modèle sera présentée aux invités lors de la COP22 dans un village près de Marrakech. (image d'illustration)

Un "mosquée verte" modèle sera présentée aux invités lors de la COP22 dans un village près de Marrakech. (image d'illustration) - Fadel Senna - AFP

À deux mois de l'ouverture de la COP22, le Maroc vient de lancer le projet "mosquées vertes". Un ambitieux programme de rénovation énergétique concernant les lieux de culte du royaume.

Après Paris en 2015, la ville de Marrakech va accueillir, du 7 au 18 novembre, la prochaine édition de la Conférence de Nations-Unies sur le climat. L’un des principaux enjeux de la COP22 concerne la ratification de l’accord de Paris, signé l’an dernier par 195 pays, visant à lutter contre le réchauffement climatique. 

À quelques mois de l'ouverture de la COP22, le ministère des Affaires islamiques a lancé mi-août un appel d'offres portant sur la réhabilitation de 64 mosquées, réparties dans six villes du royaume, afin de réduire leur consommation d'énergie. Selon la Société d'investissements énergétiques (SIE) cette idée avait été initiée en 2014 avec comme objectif de réduire de 40% la facture énergétique de 15.000 mosquées du pays. 

Des économies, mais aussi plus de confort pour les fidèles

Dans un premier temps, il s'agira d'équiper 600 lieux de culte, d'ici à 2019 avec des contrats de performance énergétique. Selon la SIE, chaque mosquée marocaine consomme actuellement, en moyenne, 90 kilowatts d'électricité par jour. Les premiers audits menés par cette société ont démontré qu'il était possible de réduire ce chiffre jusqu'à 60%. Une étude pilote menée à la mosquée As-Souna, un édifice du 18e siècle situé au cœur de Rabat, a permis de réduire la consommation énergétique de 68%. 

Concrètement, des lampes de type LED équiperont l'intérieur des bâtiments et des panneaux photovoltaïques seront installés sur les toits. L'esthétique des mosquées - souvent historiques ou de très belle facture - ne devrait guère en souffrir. Le confort des fidèles sera même amélioré. Ceux-ci bénéficieront "d'un accès à l'eau chaude pour les ablutions et à la climatisation dans les salles réservées à la prière et au recueillement" selon l'entreprise. 

Sensibiliser les populations aux économies d'électricité 

Selon ses promoteurs, cités par l'AFP, ce programme aura également "un fort impact social". Il permettra "la création de 900 très petites entreprises, l'emploi de plus de 5.000 techniciens et la création d'un nouveau marché porteur". La SIE souligne que "le remboursement de l'investissement sera fait sur la base des économies d'énergies réalisées". 

Ce projet "gagnant-gagnant" et "100% marocain" est "particulièrement novateur" pour Jan-Christophe Kuntze, de la coopération allemande GIZ qui intervient en soutien technique. "Il est basé sur l'idée que les entreprises marocaines intervenant dans ces mosquées seront remboursées grâce aux économies faites sur la facture énergétique du bâtiment". Un concept "qui a déjà fait ses preuves dans plusieurs pays, notamment en Europe" selon ce chef de projet qui ajoute que "les mosquées peuvent jouer un rôle de multiplicateur" pour sensibiliser les populations aux économies d'électricité et à la transition énergétique. 

Le plan de Mohammed VI pour développer les énergies renouvelables

La COP22 mettra "en évidence l’engagement du pays à travailler pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris et à continuer de soutenir les pays en développement affectés par le changement climatique" expliquait fin juin Mohammed VI.

"Commandeur des croyants" et souverain, ce dernier a impulsé, depuis 2009, une politique volontariste à son pays en matière d'écologie. Son ambitieux plan de développement des énergies renouvelables doit permettre au Maroc – dépourvu d’hydrocarbures – de subvenir à près de la moitié de ses besoins énergétiques.

L’objectif est de porter d’ici à 2030 la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national à 52% (20% solaire, 20% éolien 12% hydraulique). Le point d’orgue de cette nouvelle stratégie a été l’inauguration au mois de février, près de Ouarzazate du projet Noor-1, premier volet de ce qui est annoncé comme la plus grande centrale solaire thermodynamique au monde.

Antonin Moriscot Journaliste BFMTV