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Les promesses et les défis du plan stratégique de PSA

"Redressé, le constructeur automobile dévoilera mardi 5 avril son plan à 5 ans. Il promet 28 nouveaux modèles en Europe dans les six prochaines années. Mais les questions relatives à une alliance stratégique ou à son retour outre-Atlantique, restent ouvertes."

Le groupe PSA Peugeot Citroën veut consolider son redressement. Alors que la polémique sur le quasi doublement de son salaire en 2015, à 5,2 millions d'euros est à peine retombée, Carlos Tavares, président du directoire, doit détailler, mardi 5 avril, son plan stratégique baptisé "Push to pass". Son nom fait référence au surcroît de puissance utilisé en compétition pour doubler. Il succèdera au précédent, baptisé "Back in the race", qui avait été décidé pour sortir de l'ornière une firme mise à genoux début 2014 par une longue crise européenne du secteur.

Deux ans plus tard, Carlos Tavares, transfuge de Renault précédé d'une réputation de "tueur de coûts", se réjouit de diriger une entreprise "redressée", qui a dégagé 1,2 milliard d'euros de bénéfice net en 2015.

Disant désormais viser pour le groupe une "croissance rentable", il promet déjà "28 nouveaux modèles dans les six prochaines années rien que sur le marché européen". PSA, avec ses marques Peugeot, Citroën et DS, est le premier groupe automobile français en terme d'unités vendues: 2,97 millions l'année dernière, dont un tiers produites en France.

PSA peut-il rester seul, sans allié stratégique majeur ?

Mais il reste en deuxième division au niveau mondial, loin des quelque 10 millions de Toyota, General Motors (GM) et Volkswagen. Renault et son allié Nissan atteignent ensemble 8,5 millions de véhicules et se targuent d'avoir réalisé en 2015 plus de quatre milliards d'euros d'économies en partageant des plate-formes de véhicules et des ressources industrielles.

Dans cette course à la "taille critique", PSA peut-il rester seul ? Carlos Tavares convient qu'"il y a toujours une place pour une collaboration stratégique élargie". Le patron de Fiat Chrysler, Sergio Marchionne, a toutefois écarté jeudi une telle alliance, qui faisait l'objet de rumeurs depuis des mois. PSA collabore déjà avec Fiat sur les utilitaires, secteur où le Français a aussi noué un partenariat avec Toyota. Des voitures Opel (GM) sortiront bientôt d'usines PSA en France et en Espagne. Un autre géant américain, Ford, lui achète des moteurs. 

Sans parler du Chinois Dongfeng, à la fois l'un des trois actionnaires de référence du groupe, avec l'Etat français et la famille Peugeot, et l'un de ses partenaires en Chine, où plus de 700.000 voitures par an sortent des usines des co-entreprises de PSA.

Pour "Push to pass", "l'enjeu majeur est d'augmenter les volumes", analyse Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire Cetelem de l'automobile. PSA doit "retrouver de la diversité géographique dans le monde" au delà de ses piliers européen et chinois, renchérit Jean-François Belorgey, expert du marché automobile chez EY.

Des discussions avancées avec l'Algérie

L'entreprise a déjà avancé ses pions dans l'année écoulée: retour en Iran, usine prévue au Maroc à l'horizon 2019 et discussions avancées avec l'Algérie pour une implantation industrielle.

Autre piste mentionnée de source proche de l'entreprise: l'Inde. Vu la complexité de ce marché, il ferait sens de s'appuyer sur des partenaires locaux comme Tata, une possibilité évoquée depuis des mois dans la presse du pays. La presse spécialisée américaine spécule aussi sur l'ambition de Carols Tavares de revenir, avec la marque de luxe DS, sur le difficile marché automobile nord-américain, "zone blanche" sur l'atlas de PSA depuis le renoncement de Peugeot en 1991.

Une "multitude de défis technologiques et industriels" doivent aussi être pris en compte par Carols Tavares, selon Flavien Neuvy: faire en sorte que PSA ne prenne pas de retard dans les technologies connectées et autonomes, de même que l'électrification, autant d'investissements extrêmement coûteux où la "taille critique" prendra toute son importance.

BFMBusiness avec AFP