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Les régulateurs poussent Scor et Covéa à faire la paix

Le PDG de Scor, Denis Kessler.

Le PDG de Scor, Denis Kessler. - JOEL SAGET / AFP

La Banque de France et l’Autorité des Marchés encouragent les deux assureurs à mettre fin à leur guerre judiciaire et à trouver un accord pour pacifier leurs relations. Scor souhaite le départ du patron de Covéa.

La guerre entre Scor et Covéa agite le tout-Paris de la finance. Le réassureur et l’assureur mutualiste, qui détient les marques Maaf, MMA et GMF se livrent une guerre judiciaire violente depuis plusieurs mois. A l’origine, la tentative d’OPA avortée de Covéa sur Scor, dont il détient déjà 8%. En réponse, le PDG de Scor, Denis Kessler, a rejeté l’offensive tout en attaquant son premier actionnaire en justice pour « abus de confiance » suite à la divulgation d’informations confidentielles à des banques d’affaires. Lesquelles, Barclays, Credit Suisse et Rothschild, se retrouvent également dans l’œil du cyclone. Au bout du compte, c’est toute la place financière de Paris qui est éclaboussée par cette affaire. Et qui fait bloc pour tenter de ramener le calme.

Selon plusieurs sources proches des deux groupes, de nombreuses institutions se mobilisent pour convaincre Scor et Covéa de « signer la paix des braves » résume un grand assureur français. Au premier rang desquelles la Banque de France et plus précisément son organe de contrôle des banques et des assurances, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), est à la manœuvre. L’autorité des Marchés Financiers (AMF) pousse aussi. Son président, Robert Ophèle l’a clairement reconnu sur l’antenne de BFM Business : « un compromis serait utile car c’est un enjeu très important pour l’éco-système financier français ». L’image de guerre judiciaire entre deux acteurs financiers majeurs fait désordre.

La réputation de Rothschild en jeu

Les banques d’affaires concernées militent aussi pour qu’une paix soit signée. Surtout Rothschild, banque de Covéa, craint pour son image. La plus célèbre banque conseil de la Place assoit son succès depuis trente sur sa réputation de loyauté de fidélité et de discrétion envers ses clients. Être mêlée à une affaire de conflits d’intérêts et de divulgation d’informations confidentielles ternirait son image. « La banque Rothschild a fait un gros lobbying pour ne pas être éclaboussée » explique une source proche du dossier. Mi-mai, son patron Alexandre de Rothschild a déclaré aux Echos que « Scor avait décidé de ne pas nous poursuivre ». Ce qui fait hurler les deux autres banques mises en cause : Barclays et Credit Suisse. « Leurs menaces étaient donc bidons, s’agace un proche de l’une d’entre elles. De toute façon, leur plainte ne tient pas la route juridiquement ». Contacté, Scor n’a pas souhaité faire de commentaires et Rothschild ne nous a pas répondu.

« Kessler veut la tête de Derez »

Reste qu’un compromis est encore loin d’être trouvé. « Denis Kessler ne veut pas en entendre parler » assure un proche de Scor. Une tactique pour faire monter les enchères, nuance un autre, qui souligne que tout le monde a intérêt à la paix. Le PDG veut gagner la bataille sur tous les points. « Un abandon des poursuites judiciaires en échange d’un engagement de Covéa de ne pas augmenter sa participation dans Scor pendant plusieurs années serait possible », reconnait un des protagonistes.

Mais un bon connaisseur du dossier ajoute que le vrai sujet concerne la présence de Thierry Derez à la tête de Covéa. « Kessler veut la tête de Derez, résume-t-il. Il refuse que Covéa reste actionnaire de Scor s’il en est toujours le patron ». Peut-être aussi car, en parallèle, le patron de Scor doit penser à sa succession. Son mandat arrive à échéance en 2021 et il devra présenter un dauphin dès l’an prochain. Celui qui partira en premier aura perdu la partie.