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Les RTT des cadres d'EDF dans le collimateur du PDG

Jean-Bernard Levy va-t-il réussir à faire passer les cadres d'EDF au forfait jour?

Jean-Bernard Levy va-t-il réussir à faire passer les cadres d'EDF au forfait jour? - Eric Piermont - AFP

A son poste depuis quelques mois, Jean-Bernard Levy s'est déjà mis à dos les organisations syndicales. Le PDG d'EDF veut renégocier le temps de travail des cadres, pour qu'ils passent au forfait jour. La réunion plénière qui s'est tenue hier a tourné court.

Jean-Bernard Levy réussira-t-il là où d'autres ont échoué ? Le nouveau PDG d'EDF a décidé de s'atteler au chantier de l'allongement du temps de travail chez les plus de 30.000 cadres du groupe, soit près d'un salarié sur deux.

La direction souhaite mettre en place un forfait jour qui, en plus d'harmoniser les différents régimes dont bénéficient le personnel d'encadrement, devrait surtout permettre l'allongement de leur durée de travail. Les cadres sont soumis à un accord de 35 heures qui leur donne droit à 23 jours de RTT et une minorité bénéficie même de 32,5 jours. A cela s'ajoute jusqu'à 15 jours de disponibilités par an, attribués notamment pour compenser les dépassements d'horaires.

Les organisations syndicales n'ont pas manqué de montrer leur opposition à ce projet lors de la réunion plénière qui s'est déroulée le 5 février avec la direction.

"Passer au forfait jour changerait beaucoup de règles de droit du travail, a expliqué Dominique Raphel, négociateur CGT, au Parisien. Il explique que les cadres travaillent bien souvent aux delà des 35 heures, dans que cela soit comptabilisé. "Le forfait jours reviendrait à officialiser ce travail en plus sans augmenter leur rémunération", met-il en avant. Ce nouveau régime permettrait aussi d'éviter des embauches, alors que des besoins sont clairement identifiés, craignent aussi les syndicats. 

Lévy n'apporte aucune contrepartie

La direction promet de son côté des gains de productivité sans mettre à mal le confort social. Elle se retranche aussi derrière une volonté de modernisation. "avec les nouvelles technologies, les façons de travailler ont évolué", souligne la direction au quotidien, qui veut ainsi développer le télétravail. Cette connectivité à tout bout de champs, les syndicats y voient une dérive et souhaitent clarifier la situation

Mais ce qu'ils espèrent surtout, ce sont des contreparties suffisantes qui permettraient de faire avaler la pilule du passage au forfait jour. Un motif qui a déjà conduit à l'échec les négociations entreprises en 2009, sous la direction de Pierre Gadonneix, puis en 2013 sous l'ère Proglio.

Or si les négociations d'hier ont tourné court, c'est parce que Jean-Bernard Levy ne semble pas apporter davantage que ces prédécesseurs. "Nous nous sommes rendus compte hier qu'il n'apportait aucun élément nouveau dans ses propositions", a regretté Dominique Raphel. Le bras de fer risque de durer encore.

C.C.