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Transports

Les taxis dévoilent le lourd impact des VTC sur leur chiffre d'affaires

Depuis 2012, le chiffre d'affaires des taxis a chuté de "30 à 40%", selon Christian Delomel, président de la chambre syndicale des artisans taxis.

Depuis 2012, le chiffre d'affaires des taxis a chuté de "30 à 40%", selon Christian Delomel, président de la chambre syndicale des artisans taxis. - Kenzo Tribouillard - AFP

À l’occasion du salon des Taxis qui se tient ce week-end à la Porte de Versailles, Christian Delomel, président de la chambre syndicale des artisans taxis, a dévoilé qu'en 5 ans, le chiffre d’affaires des artisans s’est effondré de "30 à 40%".

Pour faire face à la concurrence des VTC qu’ils jugent déloyale, les taxis ont lancé ces dernières semaines des offensives technologiques. Combleront-elles la chute des revenus causés par les applis des plateformes? Rien n’est moins sur. Selon Christian Delomel, président de la chambre syndicale des artisans taxis, les chauffeurs auraient déjà perdu "entre 30 et 40% de leur chiffre d’affaires" depuis l’arrivée d’Uber en France en janvier 2012.

Interrogé à l’occasion du Salon des Taxis qui tient ce week-end à la Porte de Versailles, le patron de la CSAT a déclaré à France TV Info que l’État a une lourde responsabilité dans cette situation. "Le gouvernement laisse faire les transporteurs : aujourd’hui, on parle de 40.000 VTC sur Paris", a réagi Christian Delomel. Selon la Préfecture de Paris, il y aurait aujourd’hui 17.700 licences en circulation dans la capitale.

La valeur de la licence divisée par 2 en 5 ans

Et s’il admet que cette concurrence a "permis de se remettre en question", il s’inquiète des effets alarmants sur la profession. Car, en plus de la baisse de revenus, la valeur de la licence s’est elle aussi effondrée de moitié. En seulement 5 ans, "on est passé de 240.000 à 120.000 euros aujourd’hui", a confirmé Christian Delomel en dénonçant une situation "dramatique" vécue par des artisans "surendettés".

Dans une tribune publiée début janvier, François Meunier, président d’Alsis Conseil et professeur à l’ENSAE ParisTech, confirme la tendance. Il estime qu’en 2013 "l’industrie des taxis parisiens capitalisait 3,4 milliards d’euros, et n’en capitalise plus que 2,1 milliards à présent", soit une chute de 40% en 4 ans. Pour l’économiste, "la valeur perdue se retrouve pour l’essentiel chez le consommateur, sachant que les plateformes alternatives sont toutes en forte perte en ce moment". Il note néanmoins que "l'arrivée d'Uber, LeCab et autres plateformes VTC de réservation a un fort impact sur le marché des licences de taxis, tandis que les actions des nouveaux opérateurs s'envolent".

Les grands perdants restent donc les chauffeurs, qu’ils soient taxis ou VTC. Dans son rapport dévoilé par Le Figaro, Jacques Rapoport, médiateur nommé par le gouvernement, signale qu’un VTC gagne en moyenne 1 700 euros net en travaillant 60 heures par semaine. Mais sur une base de 40 heures, "l'activité ne permet pas de dégager un revenu décent". Il serait "entre zéro et 1100 euros, desquels il faut déduire le coût de la protection sociale évaluée, pour un indépendant au RSI, autour de 30% du revenu".

Pascal Samama