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2015: une année clé pour l'A380 d'Airbus

Airbus Group est resté dans le vert en 2014.

Airbus Group est resté dans le vert en 2014. - Leon Neal - AFP

Le groupe européen a publié des résultats positifs ce vendredi. Mais tous ses problèmes ne sont pas réglés pour autant. Marwan Lahoud explique sur BFM Business que l'un des défis du groupe est l'augmentation des cadences.

Airbus Group a publié ce vendredi 27 février ses résultats pour 2014. Et sans surprise, le géant européen reste bénéficiaire.

Son bénéfice net a bondi de 59% en 2014, à 2,34 milliards d'euros. Le groupe a réalisé un chiffre d'affaires en hausse de 5% à 60,7 milliards d'euros mais les prises de commandes reculent de 23% à 166,4 milliards. L'entreprise a réussi à augmenter sa trésorerie de 2 milliards d'euros. Elle dispose d'un trésor de près de 10 milliards d'euros.

Marwan Lahoud, directeur général délégué à la stratégie d'Airbus Group, explique sur BFM Business: "nous avons 6.386 avions Airbus en commande, donc près de 10 ans de production. Nous avons quelques belles années devant nous, ça on en est certain". Tom Enders, président exécutif du groupe, que le carnet de commandes a pulvérisé les records.

Le groupe anticipe une augmentation des revenus et une légère hausse de son résultat d'exploitation (Ebit) en 2015 et de son carnet de commandes d'avions commerciaux.

Augmenter les cadences de production de l'A320

Pour autant, dans le détail, l'entreprise doit faire face à trois défis industriels de taille. Il faut d’abord augmenter les cadences de production de l'A320. L'objectif est de livrer 50 exemplaires du moyen-courrier chaque mois en 2017, contre 42 aujourd'hui. "S'il y a 5 ans, on avait dit qu'on atteindrait des chiffres pareils, je n'y aurais pas cru. Pourtant le défi a été relevé", se félicite Marwan Lahoud.

L'objectif est d'éviter de se faire distancer sur ce segment des moyen-courriers par le concurrent Boeing 737 Max. Mais ce pari sera possible uniquement si Airbus parvient à accompagner ses équipementiers et sous-traitants dans ces augmentations de cadences. Car du côté d'Airbus, entre les usines de Toulouse en France, d'Hambourg en Allemagne sans oublier le site chinois et la prochaine ligne d'assemblage à Mobile aux Etats Unis, le géant européen dispose des infrastructures indispensables à cette hausse de production.

La question est donc de s'assurer que les sous-traitants et équipementiers européens arrivent à absorber cette augmentation des cadences. Ce sont eux qui fournissent les tronçons assemblés ensuite dans les différentes usines d'Airbus, y compris aux Etats-Unis et en Chine."Nous travaillons de très près avec la chaine de sous-traitants. Nous ne sommes pas dans une logique d'acheteur pur et dur. Nous co-investissons, nous envoyons des équipes", explique le directeur général délégué à la stratégie d'Airbus Group.

Marwan Lahoud ne s'inquiète pas des difficultés avec les syndicats. "La bataille de la compétitivité est une bataille de tous les jours. Dès qu'on la gagne, on la recommence. Et pour cela, nous nous mettons d'accord avec les syndicats. Nous trouverons les bons accords".

L'avionneur va en parallèle réduire temporairement la production de long courriers A330 à 6 appareils par mois en 2016. Quant à son dernier né, l'A350, la production va passer de 15 appareils en 2015 à 10 appareils par mois en 2018.

"Nous allons atteindre le point mort"

Un autre chantier concerne l'A380. Avec 153 commandes, le programme n'est toujours pas rentable. Pour relancer sa carrière, les ingénieurs planchent sur une version allongée et une déclinaison Néo ultra économe. Pour Marwan Lahoud, "l'année 2015 va être clef pour l'A380 car nous allons atteindre le point mort. Après 15 ans, nous allons commencer à gagner de l'argent. Nous allons pouvoir penser à investir".

Enfin, dernier dossier sensible : l'A400M. Le programme critique du groupe, pour reprendre les mots de Tom Enders. Le patron d'Airbus Group a annoncé de nouveaux retards, et la facture continue de s'envoler. L'avion qui a déjà englouti plus de 4 milliards d'euros. Airbus a du passer une provision de 551 millions d'euros pour prendre en comptes les nouveaux retards de son programme. Marwan Lahoud précise qu'"Airbus fera tout pour s'assurer que la charge liée à l'A400M soit la dernière".

Mathieu Sévin avec BFMBusiness.com