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Les ventes de cigarettes ont chuté comme jamais en mars

Les buralistes pourront vendre des billets de TER ou de TGV.

Les buralistes pourront vendre des billets de TER ou de TGV. - Fabien1309 - WikimediaCommons

Après une forte hausse des prix, les ventes de tabac ont chuté en mars, de près de 20%, alors que les livraisons aux buralistes ont-elles aussi reculé.

Un an après l'instauration du paquet neutre et dans la foulée de l'augmentation du prix du paquet, les ventes de cigarettes en France ont reculé de près de 20% en mars, les anti-tabac applaudissant "l'efficacité" des fortes hausses. Ce fort recul est intervenu juste après la hausse d'un euro du prix du paquet au 1er mars, une augmentation des prix qui va se poursuivre jusqu'en 2020.

Quelque 3,144 milliards de cigarettes ont été livrées en mars aux buralistes, selon Logista, fournisseur de la quasi-totalité des buralistes. Soit un chiffre en baisse de 19% sur un mois.

Le recul des ventes est une tendance amorcée depuis des mois mais qui s'est accentuée depuis le début de l'année. En février, les ventes de cigarettes avaient enregistré une baisse de 4,42%, et de 2% en janvier. En 2017, elles ont reculé de 1,48% en volume, un an après l'entrée en vigueur du paquet neutre en France.

"On n'a jamais vu une diminution aussi importante"

Le tabac à rouler, apprécié des jeunes, a enregistré sur cette période une baisse de 15,65% en volume. Ce tabac a subi depuis un an une très forte hausse de fiscalité, entraînant une hausse du prix de la blague de 30 grammes. Elle a augmenté d'un euro en février 2017 puis de 2 euros au 1er mars, la faisant passer de 7 euros en 2017 à 10 euros aujourd'hui.

Les associations de lutte contre le tabagisme y voient l'efficacité de la hausse des prix. Le Comité national contre le tabagisme (CNCT) a ainsi "applaudi cette baisse, révélatrice de l'efficacité des mesures prises", appelant "à renforcer l'effort engagé pour accélérer cette réduction du tabagisme", dans un communiqué.

Le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, salue un succès qu'il juge sans précédent. "On n'a jamais vu une diminution aussi importante, la forte hausse de prix au 1er mars d'un euro a été fantastiquement efficace", a-t-il lancé.

"Pour la première fois, nous avons le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin et la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui mènent la même politique et les lobbys du tabac ne sont plus en train de faire leur arbitrage, il y a un gros progrès et c'est très bien", a-t-il souligné.

Baisse en trompe-l'oeil?

Interrogé sur les implications d'une telle baisse des ventes de cigarettes en mars, Eric Sensi-Minautier, directeur de la communication chez British American Tobacco (BAT), "invite à la prudence". Il faut faire "attention aux chiffres en trompe-l'oeil. Une baisse des ventes chez les buralistes ne signifie pas une baisse de la consommation si les marchés parallèles explosent", a-t-il dit.

Même son de cloche du côté de Seita, filiale française du britannique Imperial Tobacco (groupe Imperial Brands). "Nous pensons que si rien n'est fait, les achats effectués en dehors du réseau des buralistes pourraient atteindre les 40% à l'horizon 2020. Le plan de lutte contre les trafics annoncé il y a quelques semaines doit être mis en oeuvre de toute urgence", a insisté Hervé Natali, responsable actions et prévention contre les trafics chez Seita.

Le vapotage pourrait être un élément d'explication de cette baisse des ventes mais aucune donnée officielle n'existe à ce stade. En revanche, selon une source du secteur qui a souhaité garder l'anonymat, les ventes des produits du vapotage chez les buralistes ont enregistré "une hausse de 16% depuis le 1er mars". Ces produits sont également vendus dans des boutiques spécialisées et sur internet.

Pour réduire la consommation de tabac, le gouvernement a prévu des augmentations successives pour atteindre, d'ici novembre 2020, un prix de 10 euros le paquet de 20 cigarettes. En France, 80% du prix du tabac est constitué de taxes, 8,74% reviennent aux buralistes et le solde aux fabricants. Le tabac, responsable de cancers et de maladies cardiovasculaires, tue quelque 75.000 Français chaque année.

N.G. avec AFP