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L'Etat s'invite à la tête de PSA pour sauver sa banque

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L'Etat apportera sa garantie à hauteur de 7 milliards d'euros au pôle bancaire de PSA Peugeot-Citroën, en échange d'un siège au conseil de surveillance du premier constructeur automobile français. Autre contrepartie, les actionnaires ne seront pas rémunérés sur la période de garantie d'Etat.

L'Etat apportera sa garantie à hauteur de sept milliards d'euros au pôle bancaire de PSA Peugeot Citroën et aura en échange un siège au conseil de surveillance du premier constructeur automobile français.
Le gouvernement n'a pas fait de « cadeaux » au groupe contrôlé par la famille Peugeot et a obtenu de pouvoir désigner un administrateur indépendant au conseil de surveillance, où les salariés seront aussi représentés, a déclaré le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
« L'Etat nous permet de sécuriser le financement pour les trois prochaines années (...) Il est normal qu'il y ait des contreparties », a dit de son côté Philippe Varin, le président du directoire de PSA, tout en ajoutant que le plan de redressement du groupe n'était « pas remis en cause ».
« Il y aura effectivement deux nouveaux membres du conseil de surveillance, un qui représentera les salariés du groupe, un autre (...) indépendant avec un lien plus particulier avec l'Etat, mais tout ceci dans le cadre de la gouvernance normale d'une société cotée », a-t-il ajouté en conférence de presse.

Les actionnaires au régime sec

Comme lors du prêt public octroyé lors de la crise de 2008-2009, PSA ne versera pas de dividende et limitera la rémunération variable des mandataires sociaux pendant la période de garanties publiques à sa filiale Banque PSA Finance (BPF).
En 2008-2009, PSA et Renault s'étaient également engagés à ne pas fermer de site en France pendant la durée du prêt que l'Etat leur avait octroyé. Cette fois, PSA n'a pris aucun engagement sur l'emploi, a dit Philippe Varin.
Le groupe subit une grosse pression tant des syndicats que des pouvoirs publics alors qu'il entame une restructuration qui prévoit 8.000 suppressions d'emplois en France et la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, en 2014.
Une réunion tripartite est prévue jeudi pour examiner ce plan, au cours de laquelle les syndicats et le gouvernement espèrent obtenir de la direction de PSA une légère baisse du nombre des suppressions de postes envisagées.

L'inconnue de Bruxelles

PSA, dont le chiffre d'affaires a reculé de 3,9% au troisième trimestre, a encore abaissé sa prévision pour le marché européen, désormais attendu en recul de 9% en 2012.
La dégradation de l'activité attendue au quatrième trimestre conduira également le groupe à réduire encore sa production pour ajuster ses stocks, entraînant au passage une augmentation de sa dette, alors qu'il espérait jusqu'à présent la stabiliser.
Le constructeur espère aussi boucler dans les prochains jours ses discussions avec son pool de banques privées sur la mise à disposition de 11,5 milliards d'euros de liquidités.
Interrogé sur une éventuelle opposition des autorités européennes au soutien public qui sera accordé à PSA, Philippe Varin a répondu que cette hypothèse ne pouvait être exclue.
Mais le directeur financier de PSA s'est montré plus optimiste. « Certains de nos concurrents voient cela d'un mauvais oeil, mais lorsque les conditions seront exposées vous verrez (...) qu'il s'agit bien d'un support, très fort, de l'Etat, et non pas d'une aide au sens technique de Bruxelles, a dit Jean-Baptiste de Chatillon. Donc, il n'y a pas de raison qu'il y ait des difficultés à Bruxelles ».
Le commissaire européen à la Concurrence Joaquin Almunia a indiqué que la Commission n'avait encore reçu aucune notification d'un soutien public à PSA, mais qu'elle examinerait attentivement le dossier.
En Bourse, l'action PSA, après une ouverure en hausse, s'est effondrée à un plus bas de près de 27 ans. A 15h45, le titre cédait encore 3,4% à 5,62 euros, après être tombé à 5,53 euros, son plus bas niveau depuis le premier trimestre 1986.
« La situation demeure extrêmement tendue pour Peugeot, avec beaucoup de risques au quatrième trimestre en Europe, commente un trader. La tendance restera probalement négative pendant les prochains trimestres, mais les détails sur l'alliance GM-Peugeot (...) pourraient potentiellement soutenir l'action ».

La future C5 sera produite à Rennes

PSA a aussi annoncé mercredi quatre projets de voitures avec General Motors (GM) qui seront lancés d'ici la fin de l'année, mais sans les détailler.
Il s'agit d'un programme de plate-forme commune pour des monospaces et crossovers compacts type Peugeot 3008, d'une plate-forme pour un petit monospace type Citroën C3 Picasso, d'une autre pour des petites voitures et d'une plate-forme pour des grandes berlines et break.
Le groupe a également annoncé que la prochaine génération de la Citroën C5 serait produite à Rennes.
Selon la presse, la coopération avec GM suscite des dissensions au sein de la famille Peugeot. Thierry, président du conseil de surveillance, estimerait que l'alliance va trop loin, tandis que son cousin Robert jugerait au contraire qu'elle n'avance pas assez vite. Par la voix d'un porte-parole, Robert Peugeot a démenti un article de Libération selon lequel il souhaiterait que la famille vende l'activité automobile à GM.

La Rédaction avec Reuters