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Libra : « pas au détriment de la sécurité » affirme Villeroy de Galhau

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, s’exprimait au micro de BFM Business depuis le sommet du G7 Finances à Chantilly.

Projet « Libra » de Facebook

« Il y a beaucoup d’interrogations aujourd’hui et il n’est pas question que ce projet ne commence avant d’avoir obtenu des réponses précises à ces interrogations », avance François Villeroy de Galhau. Le gouverneur de la Banque de France évoque notamment la « protection du consommateur et le respect des règles », comme la lutte contre le blanchiment d’argent, mais aussi des interrogations « plus systémiques ». « Cela peut poser des questions sur la stabilité du système monétaire mondial, et même sur la souveraineté de certains Etats », précise-t-il.

Le dirigeant de la banque centrale française préfère ne pas parler de « fantasmes » au sujet du projet de monnaie virtuelle de Facebook, mais plutôt « d’incertitudes et de flou ». « Mais quand il s’agit de notre argent, le flou est la pire des choses. À la base de la monnaie, il y a la confiance », poursuit-il. Un frein à l’innovation ? « Les régulateurs financiers y sont favorables, nous avons même dit qu’il fallait améliorer les systèmes de paiement transfrontaliers. L’innovation est bienvenue pour améliorer les services aux consommateurs, mais elle ne doit pas se faire au détriment de leur sécurité », répond-il.

Ralentissement mondial

« Le ralentissement est incontestable, même s’il est différencié. Il est plus marqué dans les économies émergentes que dans les économies avancées, plus marqué en Europe qu’aux Etats-Unis au sein du G7, plus marqué en Allemagne et en Italie qu’en Europe », observe le gouverneur, qui rappelle les incertitudes planant sur le commerce mondial et la montée du protectionnisme. « Les pays les plus exposés au commerce mondial souffrent le plus, comme l’Allemagne. Il faut tout d’abord soulever ces incertitudes et il faut surtout éviter d’en rajouter par de la rhétorique protectionniste », note-il.

« Les banques centrales feront leur travail face à ce ralentissement économique : atteindre un certain niveau d’inflation, soutenir la croissance. C’est d’autant plus important qu’on leur donne les moyens d’accomplir ce mandat, c’est-à-dire leur indépendance. Mais elles ne peuvent pas tout faire : il faut s’appuyer sur d’autres composantes de la politique économique », estime François Villeroy de Galhau.

Les attaques répétées du président américain Donald Trump contre les banques centrales, et la Réserve fédérale en première ligne, fragilise l’indépendance des banques centrales. « Les banques centrales ont un mandat, il est très important d’avoir leur indépendance pour accomplir ce mandat. Mais elles ne peuvent pas faire de miracle : il faut à côté de cela faire de la politique budgétaire, des réformes », prendre des mesures pour assurer la stabilité du système, assure-t-il.

Finance verte

François Villeroy de Galhau a aussi évoqué l’essor de la finance verte. « Du côté des banques centrales, nous avons créé un réseau mondial, avec 8 pays au départ et aujourd’hui près de 50. Il s’agit d’intégrer le risque climatique dans le risque financier, et de changer pour cela le comportement des banques et des assureurs. Là aussi la banque centrale ne peut pas tout faire, elle peut pas remplacer des politiques climatiques, par exemple un prix du carbone à l’échelle international qui serait souhaitable », souligne-t-il.

La rédaction