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LVMH quitte le capital d’Hermès et remporte le jackpot

Bernard Arnault a toujours nié vouloir prendre le contrôle d'Hermès.

Bernard Arnault a toujours nié vouloir prendre le contrôle d'Hermès. - Eric Piermont - AFP

Le géant du luxe va réaliser une plus-value de 3,4 milliards d'euros grâce à son retrait du capital d’Hermès, entériné mardi 25 novembre. Cette opération fait suite à l’accord trouvé entre les deux groupes, qui se livraient un combat acharné.

Poussé vers la sortie après quatre ans de bataille, LVMH a entériné mardi avec le sourire son retrait du capital de son concurrent Hermès, puisqu'il empoche des milliards d'euros de plus-value.

Lors d'une assemblée générale, les actionnaires du numéro un mondial du luxe, propriétaire de Louis Vuitton, Céline ou Guerlain, ont ainsi approuvé la distribution en leur faveur des 25,45 millions de titres Hermès que détenait LVMH, soit 23,18% du capital.

La fin d'une longue bataille

Pour Hermès, c'est la fin d'un combat acharné contre LVMH. Le 23 octobre 2010, LVMH créait en effet un séisme en révélant détenir 14,2% du sellier et bientôt 17,1%. Le groupe dirigé par Bernard Arnault était ensuite monté à plus de 23%.

Hermès a toujours dénoncé cette intrusion comme une tentative de contrôle rampante, malgré les dénégations de LVMH. Les héritiers familiaux de la maison créée en 1837 ont multiplié les démarches pour résister à l'assaut du colosse, barricadant l'essentiel de leurs participations dans une holding-forteresse et investissant le champ judiciaire de plusieurs plaintes.

"On aimerait des punitions de ce genre tous les jours"

L'Histoire pouvait justifier leurs craintes. Le milliardaire Bernard Arnault a bâti le plus grand empire de luxe au monde, fort d'une soixantaine de marques. Au tournant des années 2000, il avait ardemment tenté d'acquérir Gucci, finalement remporté par son rival François Pinault et PPR (rebaptisé Kering).

Devant l'Autorité des marchés financiers (AMF), LVMH a été sanctionné en juillet 2013 d'une amende de 8 millions d'euros pour être entré masqué au capital de Hermès, grâce à des produits financiers complexes. Une défaite toute relative, pour un groupe qui a engrangé en 2013 un bénéfice net de 3,4 milliards d'euros et des ventes de 29,15 milliards d'euros.

"On peut considérer que nous sommes condamnés, mais à une bien bonne nouvelle", a estimé mardi devant les actionnaires le vice-président de LVMH, Pierre Godé, en évoquant la plus-value de plusieurs milliards d'euros de LVMH dans l'affaire Hermès. "On aimerait bien des punitions de ce genre tous les jours", a-t-il ajouté.

3,4 milliards de plus-value pour LVMH

Au final, l'opération Hermès aura rapporté quelque 3,4 milliards d'euros à LVMH: "environ 2,4 milliards d'euros" liés à la cession des titres Hermès, qui viendront gonfler "assez substantiellement le résultat de l'exercice", auxquels s'ajoute un milliard d'euros de plus-value déjà digérée dans les comptes.

Aux termes de l'accord négocié dans la plus grande discrétion cet été et annoncé le 3 septembre, LVMH se désengage de Hermès. Mais Bernard Arnault conservera environ 8,5% du capital du sellier via la holding patrimoniale Groupe Arnault. Le versement des titres Hermès aux actionnaires de LVMH est prévu le 17 décembre.

Y.D. avec AFP