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Marc Ladreit de Lacharrière, nouveau roi du spectacle

Marc Ladreit de Lacharrière avec Jamel Debbouze à l'Elysée en 2013

Marc Ladreit de Lacharrière avec Jamel Debbouze à l'Elysée en 2013 - AFP François Guillot

Le milliardaire a bâti à coup d'acquisitions le leader français du spectacle, présent à la fois dans la production, la billetterie et l'exploitation de salles. Mais ces activités restent déficitaires...

Lorsque vous allez écouter un concert de Michel Polnareff, M Pokora, Nolwenn Leroy, Stromae, Julien Doré, David Guetta ou M... Ou lorsque vous allez voir un spectacle à la salle Pleyel, au Comédia, au Comedy Club, au théâtre Marigny, au théâtre de la Madeleine, au théâtre de la Porte-Saint-Martin, au Zenith de Strasbourg, Limoges, Nancy, Rouen ou Dijon... Vous êtes sans le savoir un client de Marc Ladreit de Lacharrière.

Ce milliardaire a défrayé récemment la chronique pour ses largesses envers le couple Fillon: il a notamment rémunéré François pour ses conseils, et embauché Pénélope comme "conseillère littéraire" dans la Revue des deux mondes qui lui appartient.

Mais, avant ce scandale, il était surtout connu pour être le principal actionnaire de l'agence de notation financière Fitch. Ou pour ses activités internet, qui comprennent Allociné, jeuxvideo.com, 750 grammes, Pure People, Ozap, Easy Voyage, Overblog...

Leader français

Mais, depuis 2010, il a aussi bâti à coup d'acquisitions un petit empire dans le spectacle. Aujourd'hui, il détient 101 salles, 12 producteurs de spectacles, ainsi que des sociétés de billetterie. "Nous sommes devenus aujourd’hui l’acteur majeur du divertissement francophone", se félicitait-il en octobre. Précisément, il estime être le leader de la production de spectacles, avec plus de 10% du marché, et même plus de 20% du marché des seuls concerts.

Au total, le milliardaire, via sa holding Fimalac, a investit 116 millions d'euros dans ce domaine, soit bien plus que Lagardère, qui s'est lancé à peu près en même temps dans le secteur.

Victime des attentats

Toutefois, l'écart d'acquisition du pôle a dû être déprécié de 57,7 millions d'euros fin 2015. Et au final, il vaut moins que l'argent investi. Il y a un an, le pôle était valorisée entre 41 et 63 millions d'euros par Fimalac, et entre 39 et 70 millions d'euros par une expertise commandée par Fimalac à Finexsi, un cabinet indépendant. 

Plusieurs explications à cela. D'abord, le spectacle est une "activité erratique et aléatoire", qui est "concurrentiel" avec "des marges faibles", pointe l'expert indépendant. "La rentabilité dépend fortement du succès commercial des spectacles produits, qui sont par nature limités dans le temps. La visibilité sur l’activité et sur la rentabilité future est donc très faible", ajoute-t-il.

Enfin et non des moindres, "l’environnement post-attentat est préjudiciable à l’activité du fait de la diminution de la fréquentation des salles de spectacle". Dans ses derniers résultats, Fimalac confirme: "l'année 2016 a souffert de moindres fréquentations de salles, notamment en raison des actions terroristes, qui ont freiné le développement" du pôle.

Tomber dans le rouge

Résultat: le résultat opérationnel courant est tombé dans le rouge en 2014, et l'excédent brut d'exploitation en 2016 (cf. ci-dessous). Mais Fimalac explique que cela est dû à la salle Pleyel: "hors la salle Pleyel qui n’a ouvert qu’en fin d’année, l’excédent brut d'exploitation a toujours été positif: +3 millions d'euros en 2015, puis +1,3 millions en 2016".

Selon Challenges, une "revue complète des activités" a été confiée Véronique Morali (bras droit et compagne de Marc Ladreit de Lacharrière) pour "comprendre pourquoi cette branche est déficitaire". Contacté, Fimalac répond que "Marc de Lacharrière a demandé une revue organisationnelle à Véronique Morali, en tant que présidente de Fimalac Développement, mais c’est une pratique usuelle dans le groupe".

Les acquisitions du pôle Entertainment du groupe Fimalac

*pôle exploitation de salles:
Vega (salles Zenith, 100% pour 12,4 millions d'euros)
Ellipse (100%)
Carilis (100% pour 6,4 millions d'euros)
Le Comedy Club (50% pour 0,5 million d'euros)
Théatre de la Porte Saint Martin (100% pour 16 millions d'euros)
Théatre Marigny (50%)
Salle Pleyel (100%)

*pôle production de spectacles:
Gilbert Coullier Productions (40% pour 9,5 millions d'euros)
Thierry Suc Productions/Jing/TS3/TS5 (100% pour 16,8 millions d'euros)
Auguri Productions (40% pour 2,4 millions d'euros)
K-Wet Productions (40%)
Encore Productions (40% pour 3,5 millions d'euros)
Miala (50%)
Pôle Nord Evenements (100%)
Deb Jam (société de Jamel Debbouze, 50% pour 1,9 million d'euros)

*pôle billetterie:
Kyro-Concept (49,99% pour 8,7 millions d'euros)
MyTicket (70% pour 0,4 millions d'euros)
AP2S (100% pour 12,5 millions d'euros)

Source: Fimalac

Les résultats du pôle Entertainment du groupe Fimalac, en millions d'euros

Chiffre d'affaires
2012: 26,4
2013: 40,2
2014: 41,6
2015: 76,2
2016: 112,6

Excédent brut d'exploitation
2012: +2,1
2013: +2,3
2014: +0,3
2015: +0,8
2016: -1,1

Résultat opérationnel courant
2012: +1,3*
2013: +0,3
2014: -1,8
2015: -4,6
1er semestre 2016: -2,3

Source: comptes consolidés de Fimalac

NB: le chiffre d'affaires 2016 atteindrait 177,6 millions d'euros si les filiales du pôle étaient détenues à 100%

*sur 15 mois

Jamal Henni