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Marché automobile: "les signaux sont globalement négatifs" selon Jean-Pierre Corniou (SIA Partners)

Certes, le marché automobile français a bondi de 16,6% en septembre, selon les données collectées par le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). Mais ce chiffre est à relativiser dans un secteur qui doit composer avec de nombreuses incertitudes.

"Oui", le marché automobile français se porte bien en cette rentrée 2019 (en principe du moins). "Oui", le secteur a affiché une progression de 16,6% en septembre selon les derniers chiffres du CCFA. En août, les immatriculations de Renault (avec Dacia et Alpine) se sont même envolées de 21,8%. Sauf que ces dernières avaient chuté de 17,8% un an plus tôt... Des données qu'il convient donc d'observer avec prudence, souligne Jean-Pierre Corniou, directeur général de SIA Partners.

Invité mardi 1er octobre sur le plateau de Good Morning Business, le spécialiste du transport automobile notamment estime que le rebond des immatriculations en septembre, certes heureux pour le secteur, ne doit, en effet, pas forcément être pris pour argent comptant.

"Les signaux sur le marché automobile sont globalement négatifs. Beaucoup d'incertitudes – vous l'avez souligné – les changements de norme qui ont, au 1er septembre 2018, perturbé complètement la fin de l'année 2018", tient-il à souligner.

Et de poursuivre: "On est en train de changer les règles. Mais alors on raisonne encore aux anciennes normes NEDC (New European Driving Cycle, soit Nouveau Cycle Européen de Conduite en français - NDLR), pas aux nouvelles normes WLTP (Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedures - NDLR) qui sont beaucoup plus rigoureuses (…) Tout cela est extrêmement compliqué. Les signaux donnés aux clients sont extrêmement difficiles. Et on va rajouter à cela, un changement de règles dans le projet de loi de finances qui va rentrer en discussion puisque l'on va durcir le malus à 100 grammes de CO2 par kilomètre parcouru au lieu de 117 à partir du 1er janvier 2020", pointe Jean-Pierre Corniou.

L'occasion au beau fixe, l'électrique peut mieux faire

En outre, malgré un marché automobile français qui, sur les neuf premiers mois de l'année, affiche un léger repli de 1,28%, il est un segment qui, lui, continue de performer.

"Ce qui est intéressant, c'est que le marché de l'occasion se porte bien. Le marché de l'occasion, c'est plus de trois fois le marché du neuf. Donc aujourd'hui globalement les Français sont très perturbés par l'évolution de l'automobile (…) Ils ont acté le fait que le Diesel c'était pas l'avenir (…) Mais pour le reste, ils ne sont pas tout convertis à l'électrique (moins de 2% du marché – NDLR)", analyse l'expert.

Pourquoi? "Parce que la promesse de valeur, elle n'est pas claire du tout. Les réseaux de concessionnaires ne se battent pas pour vendre de l'électrique. Il y a beaucoup moins de chiffre d'affaires récurrent avec une voiture électrique, qu'avec une voiture thermique", rappelle le directeur général de SIA Partners. 

J.C-H