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Marks & Spencer ne dit pas complètement bye-bye à la France

Marks & Spencer ne quitte pas complètement la France, mais n'y prend plus aucun risque.

Marks & Spencer ne quitte pas complètement la France, mais n'y prend plus aucun risque. - Thomas Samson - AFP

Une dizaine de magasins aux couleurs de la marque britannique ne vont pas fermer, et de nouveaux devraient ouvrir, mais sous forme de franchise. Marks & Spencer cesse de mettre les mains dans le cambouis en France.

À croire que Marks & Spencer ne sait vraiment pas y faire en France. L'enseigne britannique a quitté le pays il y a dix ans, y est revenue il y a cinq ans, pour finalement renoncer de nouveau. Elle ferme tous les magasins qu'elle détient en propre dans l'Hexagone, a-t-elle confirmé ce mardi. 7 en tout, parmi lesquels son immense vaisseau amiral des Champs-Élysées et ceux à peine plus petits des centres commerciaux Beaugrenelle, So Ouest et Aeroville.

Le textile, les accessoires de maison, ces segments qui remplissent les rayonnages de ses très grandes surfaces, ne fonctionnent pas en France, explique le groupe. Depuis 4 ans, les milliers de mètres carrés sur lesquels la marque exposait ses vêtements basiques et accessibles lui coûtent trop cher, pour des ventes qui n'ont pas permis d'atteindre la rentabilité. La filiale française a déploré une perte nette de 26 millions d'euros en 2015.

L'alimentaire, un business qui marche

Mais le projet de réorganisation "ne concerne pas les onze magasins Food franchisés de Marks & Spencer situés en région parisienne dans la mesure où il existe une forte demande pour ses produits innovants et de haute qualité", a toutefois précisé le groupe. 11 magasins qui n'ont rien à voir avec ceux que ferment le groupe: de toutes petites surfaces, qui ne proposent que de l'alimentaire. Des sauces Tikka, des scones, des crumpets, et autres spécialités qui ont fait sa renommée mi-britannique mi-worldfood. Et ce type de petites échoppes va continuer à fleurir sur le territoire. Parce que les franchisés qui les exploitent, eux, ne rencontrent aucun problème financier, au contraire.

Marks & Spencer a noué des contrats de franchise avec deux très gros acteurs du secteur en France. L'un d'eux est Lagardère Travel Retail, la filiale de Lagardère, qui opère des magasins de marques qui lui appartiennent (comme Relay) ou qui appartiennent à d'autres (Fnac, Duty Free, et donc M&S) dans les aéroports et les gares. Dans ses deux magasins Marks & Spencer, l'un à la Défense, l'autre à Châtelet, "le business marche bien", explique Michel Perol, directeur général de Lagardère Travel Retail France. "Nous ne déplorons aucun déficit, aucun risque de l'arrêt de l'activité". Au contraire, la filiale de Lagardère prévoit 4 nouvelles ouvertures d'ici l'été 2017, et 10 en tout pour 2018.

Son autre partenaire, la société SFH Invest, qui exploite déjà pour Casino des Franprix et Leader Price, devrait également continuer d'ouvrir des petites unités en centre-ville.

L'expansion de la marque britannique en France va donc se poursuivre sous ce format, avec toute la sécurité que représente le contrat de franchise. Le groupe britannique se contente de monnayer l'utilisation de sa marque et ses produits aux franchisés. L'investissement immobilier, les salaires des employés, les pertes éventuelles, les bénéfices si tout va bien, rentrent et sortent de la poche de celui qui exploite le magasin. Si les magasins s'avèrent non rentables, Marks & Spencer n'aurait à déplorer qu'un manque à gagner en royalties. Mais aucun trou dans ses comptes.

Nina Godart