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Les franchisés digèrent mal les loyers que McDonald's leur impose

Associations de consommateurs et syndicats européens et américains ont déposé cette semaine une plainte contre McDonald’s, lui reprochant de fixer des loyers excessifs à ses franchisés.

Associations de consommateurs et syndicats européens et américains ont déposé cette semaine une plainte contre McDonald’s, lui reprochant de fixer des loyers excessifs à ses franchisés. - Andrew Burton / GETTY IMAGES NORTH AMERICA - AFP

Associations de consommateurs et syndicats dénoncent les pratiques du géant de la restauration rapide, qui facturerait à ses franchisés des loyers jusqu'à 10 fois plus élevés que ceux du marché.

Pour ne pas avoir de problème avec McDonald’s, mieux vaut se contenter d’un bon Big Mac que de faire du business avec l’enseigne. Car en affaires, et notamment dans le domaine immobilier, le géant de la restauration rapide n'hésite apparemment pas à manger tout cru ses franchisés. Associations de consommateurs et syndicats européens et américains ont déposé cette semaine une plainte contre McDonald’s, devant la commission européenne à Bruxelles à ce sujet.

Les plaignants accusent le groupe d'abuser de sa position dominante de propriétaire en fixant à ses franchisés des loyers excessifs, jusqu'à 10 fois plus élevés que ceux du marché, et dénoncent des conditions d’engagement trop contraignantes. En effet, les baux signés avec McDo se font sur une durée de 20 ans renouvelables. Des contrats clairement abusifs, estiment les syndicats. De son côté, la commission européenne doit désormais examiner leur plainte et décider ou non d'ouvrir une enquête.

Dans le secteur, McDo ne serait pourtant pas le seul à abuser de ses franchisés. Une récente enquête du magazine Spécial Investigation, sur Canal+, s’est penchée sur les pratiques du numéro un mondial des sandwichs, Subway, qui est loin d’être exemplaire en la matière. Interrogés par la chaîne, plusieurs patrons de restaurants ont avoué avoir perdu beaucoup d’argent dans les montages de franchise qui leur ont été proposés. En cause, les termes du contrat signé entre les franchisés et la marque, souvent à l’avantage de cette dernière.

Un portefeuille immobilier de 40 milliards de dollars

Derrière cette affaire se cache une réalité qu'on connaît peu: McDonald’s est aujourd'hui l'un des plus gros propriétaires privés de la planète. Son portefeuille immobilier est estimé à 40 milliards de dollars au niveau mondial, dont plus de 27 milliards sur le seul marché américain. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la multinationale sait rentabiliser ce portefeuille, notamment avec ces fameux loyers auprès de ses franchisés connus pour être très élevés.

Mais certains d'entre eux sont récemment sortis du bois, comme ce consultant de McDo, lui-même ancien franchisé. Il racontait ainsi à la presse américaine qu'à l'époque, pour un restaurant qu'il exploitait au cœur d'un centre commercial, il versait au siège plus de 14.000 dollars par mois. C’est 6 fois plus que le coût mensuel à la charge de la société.

Une mine d’or pour le roi américain du fast-food, dont les revenus immobiliers engrangés auprès des franchisés représentent environ un quart des ventes annuelles. Elles avaient dépassé en 2014 les 6 milliards de dollars, soit une progression de 25% sur 5 ans.

Parallèlement, les résultats financiers du groupe sont en baisse constante depuis plus d’un an, à l’exception du troisième trimestre 2015. C’est dire l’importance de cette activité, qui fait l’objet régulièrement de spéculations autour d'une possible cession du portefeuille immobilier de l'entreprise.

Sauf qu'à chaque fois, la direction se contente de rappeler une célèbre phrase de Ray Kroc, celui qui a fait de McDo ce qu'il est aujourd'hui: "je ne suis pas dans le business du hamburger, disait-il, mais dans l'immobilier"!

Marie Coeurderoy, avec Julien Mouret