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Menace sur les brevets de Technicolor

Le brevet sur le MPEG2 a rapporté 276 millions d'euros en 2012, soit à lui seul 42% des bénéfices de tout le groupe

Le brevet sur le MPEG2 a rapporté 276 millions d'euros en 2012, soit à lui seul 42% des bénéfices de tout le groupe - -

Les brevets représentent la quasi-totalité des bénéfices du constructeur français. Mais celui sur le codage vidéo MPEG 2, qui apporte la moitié des revenus, va arriver bientôt à expiration.

C'est la poule aux oeufs d'or de Technicolor: son portefeuille de brevets. Un portefeuille qui a été estimé à 2,2 milliards d'euros par un expert indépendant fin 2012 lors d'une transaction interne au groupe.

Depuis des années, ce sont ces brevets qui assurent l'essentiel des bénéfices du constructeur: en 2012, ils ont représenté 78% de l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) ajusté.

Sans eux, il est probable que l'ex-Thomson aurait disparu depuis longtemps, car ses autres activités sont déficitaires ou à faible marge, comme la fabrication de DVD, de décodeurs TV ou de box internet.

Des pépites utilisées par tous

Technicolor a hérité de ces brevets en rachetant RCA, l’activité d’électronique grand public de General Electric. Apès une période transitoire, l'ex-Thomson engrange depuis 1999 la totalité des royalties tirées de ces brevets. 

Parmi eux figurent des pépites utilisées tous les jours, comme l'interface informatique HDMI, la technologie de codage du son MP3, ou celle de codage vidéo MPEG2 utilisée par les DVD, la TV sur ADSL ou la TNT (télévision numérique terrestre).

Fin de vie

Les brevets MPEG2 sont clés pour Technicolor: à eux seuls, ils ont rapporté 276 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2012, soit la moitié de tous les revenus des brevets, à en croire les comptes du groupe. Et, comme c'est de la marge pure, cela fait à peu près autant de profits. A eux seul, les brevets MPEG2 représentent donc 42% de l'Ebitda ajusté en 2012.

Hélas, aucune poule aux oeufs d'or n'est éternelle. En l'occurrence, un brevet expire en général au bout de 20 ans. Or le MPEG2 a été défini au milieu des années 90. Une partie des brevets de Technicolor est donc déjà tombée dans le domaine public, et le reste va suivre d'ici quelques années. Hélas, Technicolor ne détient pas de brevets sur la génération suivante, le MPEG4, normalisée en 1998.

Cette fin de vie approchant, il est d'ores et déjà prévu que le consortium qui gère tous les brevets MEPG, baptisé MPEG LA, soit dissous fin 2015. Technicolor recevra donc ses dernières royalties du consortium début 2016.

Nouvelles technologies en préparation

La moitié de la manne va donc disparaître d'ici quelques années. Mais la société refuse de donner un calendrier précis. "Les brevets MPEG2 ne tombent pas tous dans le domaine public à fin 2015.

Après la dissolution du consortium, Technicolor récupérera ses brevets qui ne seront pas tombés dans le domaine public", explique la porte-parole du groupe, qui refuse pourtant de dire quelle proportion des brevets MPEG2 tombera dans le domaine public d'ici 2015.

En tous cas, le constructeur se prépare déjà à palier cette défection. Il travaille sur les nouvelles technologie de codage qui succéderont au MPEG, comme le HEVC ou l'ATSC 3.0. "Les programmes de brevets hors MPEG LA sont en croissance", souligne sa porte-parole.

Jamal Henni