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Mexique : les menaces de Trump font plonger le secteur automobile

Les taxes douanières Trump sur les produits mexicains vont toucher en premier lieu les grands noms de l'automobile, comme Volkswagen qui y a construit sa Coccinelle pendant plus de 60 ans.

Les taxes douanières Trump sur les produits mexicains vont toucher en premier lieu les grands noms de l'automobile, comme Volkswagen qui y a construit sa Coccinelle pendant plus de 60 ans. - Jose Castañares / AFP

Constructeurs et équipementiers accusent de fortes baisses en bourse, alors que Donald Trump va imposer de nouvelles taxes douanières sur les produits mexicains.

Donald Trump ouvre un nouveau front de guerre commerciale... Et à nouveau le secteur automobile en subit les conséquences. Le président américain a décidé d'imposer des taxes douanières de 5% à partir du 10 juin prochain sur chaque produit fabriqué au Mexique, avec des relèvement progressifs au fil du temps. Une politique qui sera menée tant que le flux de migrants clandestins à la frontière ne sera pas stoppé.

Une nouvelle qui a provoqué une forte baisse du secteur automobile en bourse à Tokyo ce matin, avec des répercussions sur l'automobile européenne... Et américaine. Car depuis plusieurs décennies, le Mexique est une terre privilégiée d'investissement pour l'ensemble du secteur.

Plus de 60 ans d'implantation

Une position géographique rêvée, permettant de produire avec des coûts de main d'oeuvre modérés, pour rayonner à la fois sur les Etats-Unis, mais aussi l'Amérique du Sud. Il y a un peu plus de 50 ans, c'est au Mexique que le japonais Nissan avait décidé d'implanter sa première usine étrangère. Volkswagen y est présent depuis encore plus longtemps, 64 ans, avec son usine géante de Puebla, qui y a produit notamment la célèbre Coccinelle jusqu'à l'année dernière, ainsi qu'une multitude de véhicules uniquement destinés aux marchés nord et sud-américains.

Et ces investissements étrangers n'ont fait que croître, notamment grâce aux accords commerciaux panaméricains signés en fin de décennie 2000. Daimler, BMW, Honda, Toyota, Mazda ainsi que les 3 grands constructeurs américains y produisent depuis des longues années. Depuis 2010, ce sont même autour de 30 milliards de dollars qui ont été investis par les grands noms de l'automobile mondiale pour moderniser leurs usines au Mexique, et y accélérer la production.

Le double-objectif de Donald Trump

Une taxe supplémentaire de 5% sur les voitures et les pièces qui y sont fabriquées constitue une vraie menace pour l'appareil industriel automobile basé sur place, surtout avec la perspective de relèvements ultérieurs. La politique commerciale va devenir très complexe et les surcoûts difficiles a répercuter, surtout que les coûts de production et de main d'oeuvre sont déjà très serrés sur place. Tout changement dans les politiques de taxe, même minime, peut avoir une très grande incidence.

Mais le but est double pour Donald Trump : tenter d'obtenir du Mexique une aide active à la lutte contre l'immigration clandestine, mais aussi inciter par là-même les constructeurs automobiles à intensifier leurs investissements aux Etats-Unis pour pouvoir y vendre leurs voitures, ce qu'il n'a de cesse de demander pour limiter le déficit commercial américain depuis des mois.

Une arme à double-tranchant, encore

Les risques sont multiples pour le secteur automobile, déjà aux prises avec plusieurs fronts de la guerre commerciale, côté Européen et côté Chinois. Des taxes supplémentaires sur les produits mexicains peuvent à terme, et très rapidement, provoquer des changements profonds de politique commerciale de la part des grands constructeurs. Avec une production mexicaine qui serait davantage ré-orientée vers l'Amérique du Sud, mais avec des considérations de prix et de rentabilité qui vont forcément changer. Et au détriment des Etats-Unis sans doute, réduisant ainsi le choix pour le consommateur américain.

Mais la décision de Donald Trump vise aussi indirectement l'automobile américaine. General Motors, Ford et Fiat-Chrysler possèdent au Mexique des usines de véhicules et de pièces. Même si ces taxes vont inciter les Big Three à privilégier l'investissement aux Etats Unis, comme ça a été le cas pour Ford qui a rapatrié certains projets du Mexique vers les Etats-Unis, les constructeurs vont souffrir de la hausse des tarifs finaux des pièces qu'ils importent du Mexique. 

Cette nouvelle menace de Donald Trump est donc, à nouveau, une arme à double-tranchant, qui pourrait mettre en difficulté sa propre industrie. D'autant que les transformations actuelles du secteur automobile sont suffisamment structurelles pour que les constructeurs prennent des décisions drastiques et rapides en matière de priorité d'investissement.