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Energie

Le Mexique privatise son énergie

La compagnie pétrolière mexicaine Pemex pourra désormais s'ouvrir à des investissements privés et étrangers.

La compagnie pétrolière mexicaine Pemex pourra désormais s'ouvrir à des investissements privés et étrangers. - -

Après 75 ans d'un strict monopole étatique, le Mexique a décidé d'ouvrir son secteur de l'énergie aux investissements privés et étrangers. La réforme, votée jeudi 12 décembre, doit permettre de relancer le groupe pétrolier national Pemex.

La bataille a été longue, mais le Parlement mexicain a finalement voté la réforme de son secteur énergétique, jeudi 12 décembre. Approuvé à 353 voix contre 134, ce texte prévoit la fin du monopole étatique sur les ressources énergétiques et l’ouverture de la compagnie pétrolière nationale Pemex à des investissements privés et étrangers.

La réforme fait partie des grands programmes de relance voulus par le président mexicain, Enrique Peña Nieto. Les 32 Etats mexicains doivent encore valider le texte à leur tour, mais les observateurs ne s’attendent pas à des rejets.

Seule la gauche a exprimé son vif désaccord sur cette "privatisation sauvage", et a qualifié les parlementaires favorables à la réforme de "traitres". L’opposition prévoit un référendum pour abroger le texte en 2015, année des élections législatives dans le pays.

35% du budget de l'Etat

Pourtant, les indicateurs donnent raison au projet gouvernemental. Le secteur pétrolier mexicain est en chute, depuis sa nationalisation en 1938. La production de brut de Pemex est passée de 3,4 millions de barils par jour en 2004 à 2,5 millions actuellement.

Cette baisse de la production est essentiellement due à un manque d’investissements de la part de l’Etat mexicain. La compagnie nationale reverse 67% de ses bénéfices au gouvernement, ce qui lui laisse trop peu de fonds pour investir.

La rente pétrolière fournit ainsi 35% du budget de l’Etat, soit 55 milliards d’euros, mais le Mexique est obligé d’importer la moitié de sa consommation d’essence.

Investissements et créations d'emplois

Des fonds privés étrangers pourraient donc venir sauver la production. Selon le directeur de Pemex, il faudrait 30 milliards d’euros au cours des six prochaines années rien que pour relancer l’activité de raffinage.

L’exploitation des gisements en eaux profondes et des hydrocarbures non-conventionnels vont aussi nécessiter des compétences techniques que maîtrisent les grands groupes étrangers.

La coopération avec des sociétés privées pourrait prendre plusieurs formes, qu’il s’agisse de contrats de partage des revenus ou de contrats de service. Pemex pourra aussi accorder directement des licences d’exploitation et d’extraction à ces entreprises.

Le pétrolier mexicain, qui se félicite de la décision, a annoncé sur Twitter qu'"avec la réforme, 2,5 millions d'emplois seront créés d'ici 2025".

Con la #ReformaEnergética se crearán dos millones y medio de empleos hacia el 2025
— Petróleos Mexicanos (@Pemex) 12 Décembre 2013
A.D. avec AFP