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Michel-Edouard Leclerc: "les industriels voudraient que les consommateurs payent plus"

Michel-Edouard Leclerc était l'invité de BFM Business, ce mardi 25 juin.

Michel-Edouard Leclerc était l'invité de BFM Business, ce mardi 25 juin. - -

Michel-Edouard Leclerc était l'invité de Good Morning Business sur BFM Business, ce mardi 25 juin. Il a, entre autres, critiqué des mesures phares de la future loi de consommation, débattue actuellement à l'Assemblée nationale.

Les discussions se poursuivent, ce mardi 25 juin, à l'Assemblée nationale, sur le projet de loi de consommation porté par Benoit Hamon. Mais pour Michel-Edouard Leclerc, cette loi ne sera pas réellement bénéfique pour les consommateurs.

Invité de l'émission Good Morning Business sur BFM Business, ce matin, le président des centres E.Leclerc a dénoncé "une tentative de vitrification de la concurrence sur le marché français". "Les 80% d’entrepreneurs qui font le business voudraient qu’on aligne par la loi les conditions qui font du bien aux petits producteurs et ils voudraient les prendre pour eux", a-t-il dénoncé.

"Beaucoup de producteurs français aujourd’hui sont trop dépendants de leur marché intérieur, ils n’ont pas profité de l’Europe pour aller vendre leurs marques ailleurs. Donc résultat, dans une période où le marché français ne rémunère pas assez, ces industriels voudraient que les consommateurs payent plus cher", a-t-il poursuivi.

Donner à travers la loi ce qu'on ne peut donner financièrement

Selon Michel-Edouard Leclerc, "les corporations font pression sur l’Etat, et l’Etat est faible (...) C’est parce qu’il n’y a pas de moyen financier qu’il est plus facile de donner à travers une législation ce que l'on ne peut pas donner en aide".

Problème à ses yeux, la loi étant la même pour tout le monde, les grands groupes de l'industries agro-alimentaires seraient ceux à qui la loi de consommation profiterait le plus. "Si on modifie la loi, on ne donne pas le droit d’augmenter les tarifs uniquement aux petits producteurs, mais aussi à Nestlé, à Danone, à Unilever et aux autres", qui réalisent "5% à 10% de marges nettes en temps de crise", a-t-il expliqué.

"En France, dans le discours interindustriel, tout le monde s’accommoderait bien d’un petit partage de marge avec une bonne bouffée d’inflation", qui retomberait au final sur le consommateur, a critiqué le responsable des centres E.Lerclerc.

Ne pas répercuter les hausses des matières premières aux clients

Michel-Edouard Leclerc renvoit également les éleveurs, qui protestent contre la hausse de leurs coûts de production, face à leurs responsabilités.

"Certains éleveurs sont trop dépendants du cours des matières premières car ils n’ont pas assez innové", a-t-il expliqué. "La loi [de consommation] stipule qu'un industriel, qui subirait une pression des cours des matières premières, pourrait demander une renégociation à la hausse et le distributeur ne pourrait faire autrement que de l’encaisser", a-t-il poursuivi.

Une mesure inacceptable selon lui: "ce serait une formidable prime à la spéculation sur le marché des céréales (...) il ne faut pas faire payer aux consommateurs cette spéculation internationale."

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Audrey Dufour