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Michel Sapin a 2 arguments pour convaincre Tesla de choisir la France

À l'occasion d'une visite à l'usine Tesla de Fremont, Michel Sapin a tenu à rappeler au constructeur américain que l'Hexagone était en pointe sur la voiture électrique.

À l'occasion d'une visite à l'usine Tesla de Fremont, Michel Sapin a tenu à rappeler au constructeur américain que l'Hexagone était en pointe sur la voiture électrique. - Reuters

De passage aux États-Unis, le ministre de l'Économie en a profité pour aller rencontrer des pontes de Tesla dans l'usine de Fremont, pour les convaincre de choisir la France plutôt que l'Allemagne pour leur usine européenne. Mais ce n'est pas gagné.

Elon Musk est sans doute l'un des hommes les plus dragués du monde. Les pays européens en tout cas se pâment devant le projet potentiel d'installation d'une usine Tesla sur le Vieux continent. Les Pays-Bas, l'Espagne mais aussi l'Allemagne et la France rêvent d'accueillir ce site de production sur leur territoire. 

C'est pour convaincre les dirigeants américains du constructeur de voitures électriques que Michel Sapin a fait un détour par la Californie après son passage au CES de Las Vegas. Après cette vidéo réalisée par la région Alsace, celle-ci de la ville de Châteauroux ou les appels du pied de Ségolène Royal, le ministre de l'Économie est allé lui-même à l'usine Tesla de Fremont vendre la marque France auprès de Diarmud O'Connel, le vice-président de la société en charge du développement économique. Une rencontre très constructive selon l'entourage du ministre cité par les Echos, comme on le dit souvent en pareille circonstance.

La France championne de l'électrique

Mais quels arguments le ministre de l'Économie a-t-il mis en avant pour tenter de convaincre Tesla? Michel Sapin a insisté sur 2 points:

-D'abord sur le succès de la voiture électrique en France. Comme le rappelle Bloomberg, l'Hexagone est devenu en 2016 le premier marché européen pour les ventes de véhicules électriques devant la Norvège. Il s'en est vendu 24.036 sur les 11 premiers mois de l'année selon Avere, soit un bond de plus de 25% en un an. Les incitations fiscales (10.000 euros remboursés sur l'achat d'un véhicule) y sont évidemment pour beaucoup. Par ailleurs, le territoire compte pas moins de 34.700 stations de recharge, soit 2 fois plus que l'Allemagne, et 4 fois plus que la Grande-Bretagne. 

Si cet argument semble avoir fait mouche auprès de Tesla, le second a eu plus de mal à passer.

-Il concerne le code du travail jugé lourd et complexe par les responsables de l'entreprise américaine. Sur ce point, Michel Sapin avait affûté ses arguments. Alors que Tesla serait plus germanophile que francophile (la société a racheté la PME allemande d'ingénierie Grohmann en novembre dernier, promettant au passage d'embaucher 1.000 personnes), le ministre de l'Économie a tenu à rappeler que le code du travail permettait plus de flexibilité de son côté à lui du Rhin. Michel Sapin a mis en avant un classement établi en 2016 par l'OCDE sur le degré de flexibilité de l'emploi en Europe. Avec un indice de 2,67 (plus la note est basse, plus la flexibilité est importante), la France ferait mieux en la matière que l'Allemagne (2,95) et les Pays-Bas (2,93), ses deux principaux rivaux dans la bataille pour Tesla. 

Y'aura-t-il finalement une usine Tesla en Europe?

Si la décision sur le lieu d'implantation fait l'objet d'un farouche lobbying, des questions demeurent concernant les dates et l'étendue du projet. Si du côté de Sapin, on parle de 2018 avec une décision prise en 2017, Tesla ne confirme pas. Le contexte politique américain avec l'accent mis sur le "made in America" par l'administration Trump aurait refroidi les ambitions européennes de Tesla. Ainsi, alors qu'Elon Musk parlait en novembre dernier d'une giga-factory pour l'Europe avec production de véhicules et de batteries, l'entourage du ministre de l'Économie n'évoque plus qu'un site de fabrication de batteries. Tesla, qui possède un site d'assemblage de véhicules aux Pays-Bas, va-t-il continuer à produire l'essentiel aux États-Unis? 

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco