Michelin : un nouveau patron pour accélérer sur le « Hors-Pneus »
Tout comme Jean-Dominique Senard, qui préside désormais aux destinées de Renault, son successeur chez Michelin, Florent Menegaux, qui a été intronisé en assemblée générale ce vendredi, n'est pas un membre de la famille. Mais ce pur produit Michelin, entré dans l'entreprise en 1997, coche toutes les cases pour mener à bien le grand chantier actuel du groupe : sa diversification vers les services.
Il a commencé chez Michelin il y a un peu plus de 20 ans, en 1997, et son profil est fortement international. A peine arrivé, il est directement envoyé au Royaume-Uni où il dirige l'activité poids-lourds. Puis, il est muté sur différentes zones géographiques de première importance, notamment l'Amérique du Nord, l'Amérique du Sud, et enfin la vaste zone Moyen-Orient et Afrique.
Marché de plus en plus concurrentiel
En 2017, il intègre la direction exécutive. Et il sera plus particulièrement en charge des activités logistique, production et expérience client. Des activités désormais maîtresses, qui doivent être développées et monter en puissance pour épauler le coeur de métier, la fabrication de pneus.
Car le marché devient de plus en plus difficile et concurrentiel, face à des acteurs asiatiques et notamment chinois, qui voient leur part de marché augmenter d'année en année. En une décennie, la part de marché des « Trois Grands » (Michelin, Bridgestone et Goodyear) est passée de 56 à 34%. Les concurrents chinois, avec des tarifs agressifs et un outil de production qui vient même s'implanter jusqu'en Europe désormais, poursuivent leur offensive.
Accélération sur les services
Face à cela, les majors du pneu, dont Michelin, ont organisé une montée en gamme ambitieuse. Pneus spécialisés, sport, aides aux économies d'énergie et pneus SUV constituent des produits à forte plus-value, aux prix élevés et aux coûts de développement en forte augmentation. Michelin a dépensé l'année dernière près de 650 millions d'euros en R&D.
Mais monter en gamme sur le coeur de métier ne sera pas suffisant. C'est pourquoi Michelin a entamé un grand chantier de transformation, que Jean-Dominique Senard a commencé et que Florent Menegaux devra poursuivre et accélérer, celui de la diversification et de la digitalisation.
Diversification sur les mobilités
Le but : maîtriser de A à Z la chaîne de valeur, de la conception à la vente en passant par les services autour de l'activité pneus, pour être au plus près des besoins du client final. C'est pourquoi Michelin a signé plusieurs rachats très significatifs ces derniers mois, notamment dans la distribution et la logistique (Euromaster, BlackCircle).
Mais l'axe majeur où Michelin à l'intention de peser de plus en plus est celui de la gestion de flotte, et des solutions d'optimisations, de données et de géolocalisation. 3 rachats en peu de temps, Nextraq aux Etats-Unis, Sascar au Brésil, et tout dernièrement Masternaut, présent sur les marchés britanniques et français. Une activité que Michelin va pouvoir restructurer avec beaucoup de synergies à la clé, sur une activité qui, selon les spécialistes, devrait dégager une croissance annuelle de 15% minimum ces 5 prochaines années.
Chantier symbolique
Enfin, la digitalisation appliquée aux spécialités industrielles Michelin va constituer un autre axe de développement, avec notamment plusieurs projets de recherche et d'expérimentation dans les pneus connectés, pour la compétition privée dans un premier temps, puis adaptable aux usages professionnels.