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Vente de SFR: pas de feu vert avant fin 2014

SFR fait l'objet de deux offres émanant d'une part de Bouygues, de l'autre de Numericable

SFR fait l'objet de deux offres émanant d'une part de Bouygues, de l'autre de Numericable - -

Selon Bruno Lasserre, le président de l'Autorité de concurrence, interviewé par 'le Figaro' de ce samedi 8 mars, l'enquête portant sur le possible rachat de l'opérateur télécom, pourrait aller jusqu'à neuf mois.

Toutes les parties concernées par le rachat de SFR ont fait la grimace en ouvrant le Figaro du samedi 8 mars.

En effet, le président de de l'Autorité de la concurrence Bruno Lasserre y distribue les mauvaises nouvelles.

"Une enquête approfondie est le plus probable. Si une enquête approfondie est lancée, cela pourra prendre autour de neuf mois d'instruction contradictoire avant d'arriver à la décision finale", précise ainsi Bruno Lasserre. Cett décision devrait donc intervenir fin 2014.

Calendrier tardif

Une mauvaise nouvelle pour le président du conseil de surveillance de Vivendi Jean-René Fourtou, qui doit quitter son poste mi-2014 et espérait boucler l'affaire avant. En outre, Vivendi souhaitait décider d'ici début avril s'il vend SFR ou le met en bourse, cette dernière option nécessistant des préparatifs en vue d'une approbation par l'assemblée générale fixée au 24 juin.

Mais c'est aussi une mauvaise nouvelle pour Numericable, qui pensait que son offre posait moins de problèmes concurrentiels que celle de Bouygues, et donc serait approuvée rapidement par le gendarme de la concurrence.

Au contraire, Bruno Lasserre déclare qu'il y a des problèmes concurrentiels dans les deux offres, et veut examiner l'impact non seulement sur le marché du mobile, mais aussi celui du fixe, et même celui des médias.

"Par exemple, si Vivendi, qui contrôle Canal Plus, conserve un pouvoir d'influence dans un ensemble appartenant à Bouygues, propriétaire de TF1. Symétriquement, si Vivendi dispose de la possibilité d'orienter les décisions commerciales dans l'ensemble contrôlé par Numericable, propriétaire de la plate-forme câble, cela poserait des questions sur le marché de la télévision payante", ajoute-t-il.

La préoccupation de l'Etat "légitime"

Interrogé sur les conditions émises par le gouvernement en termes d'emploi et d'investissements, Bruno Lasserre répond: "il est légitime que l'État se préoc­cupe des questions d'emploi et d'investissement, surtout dans le cadre de son ambitieux plan fibre. Je ne vois pas d'obstacle à ce que le gouvernement ait une vision industrielle de la filière, c'est normal. En revanche, sur le plan concurrentiel, l'Autorité de la concurrence décidera en toute indépendance".

Rappelons que c'est l'Autorité de la concurrence seule qui doit autoriser ou interdire le rachat.

Le titre de l'encadré ici

|||Séduire Jean-René Fourtou

Bouygues et Numericable rivalisent pour emporter l'adhésion de Jean-René Fourtou. Selon le Figaro, le câblo-opérateur aurait proposé à "JRF" la présidence du nouvel ensemble SFR & Numéricable. "Notre projet est industriel, et s'appuiera sur tous les talents complémentaires de SFR et Numéricable, à tous les niveaux, y compris du management", se borne à répondre une source proche d'Altice, principal actionnaire de Numericable.
Mais certaines sources assurent que le même poste aurait été proposé à Jean-René Fourtou par Bouygues, qui se refuse à tout commentaire. "Jean-René Fourtou est totalement neutre entre ces deux offres, et choisira celle qui est la meilleure pour l'entreprise", assure le porte-parole de Vivendi. "Jean-René Fourtou n'a pas l'intention d'accepter un tel poste", ajoute un proche.

Jamal Henni et Julien Marion