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Mobiles: le gendarme de la concurrence opposé à une fusion entre opérateurs

Le gendarme de la concurrence a démonté l'argumentation d'Orange et d'Arnaud Montebourg

Le gendarme de la concurrence a démonté l'argumentation d'Orange et d'Arnaud Montebourg - -

Le président de l'Autorité de la concurrence, Bruno Lasserre, défend l'arrivée du quatrième opérateur mobile, et estime qu'il n' a pas trop d'opérateurs en Europe.

"L'arrivée de Free est une bonne nouvelle. Il fallait dynamiser le marché. On verra que sur le long terme, cette arrivée a été profitable pour le secteur". Une fois de plus, le gendarme de la concurrence a défendu mercredi 10 juillet l'arrivée du quatrième opérateur mobile qu'il avait tant souhaitée.

"Les investissements n'ont jamais été aussi élevés. Et cette arrivée a fait croître le gateau: la consommation a augmenté de 23 minutes sur un an, ce qui est considérable", a déclaré sur BFM Business Bruno Lasserre, président de l'Autorité de la concurrence, admettant toutefois que cela a constituté "un choc indéniable, qui a bousculé considérablement le marché".

Quelques heures plus tôt devant la presse, il avait assuré: "nous préférons les secousses et la tempête au calme plat".

Réponse à Orange et Montebourg

Surtout, il a démonté point par point les arguments d'Orange et d'Arnaud Montebourg en faveur d'une fusion entre opérateurs -mais en évitant soigneusement de les citer...

Fin juin, le ministère du redressemnt productif avait déploré que l'Europe compte "près de 150 opérateurs sur un territoire de taille comparable à celui des Etats-Unis, qui n'en compte que quelques-uns".

"C'est comparaison est fausse", a rétorqué mercredi Bruno Lasserre. "Il n'y a pas 150 opérateurs qui se font concurrence en Europe. Les consommateurs n'ont pas le choix entre 150 opérateurs, mais seulement 3 ou 4. L'Europe n'est qu'une addition de marchés nationaux".

Autre argument: en réalité, "80% des abonnés européens appartiennent à quatre grands groupes: Telefonica, Vodafone, Deutsche Telekom ou Orange. La consolidation est donc déjà à l'oeuvre en Europe, et il faut s'en réjouir".

Moins d'emplois et moins d'investissements

Dernier argument: "moins d'opérateurs ne veut pas dire plus d'emplois. La consolidation n'est pas favorable à l'emploi. Ainsi, aux Etats-Unis, le passage de 11 à 4 opérateurs s'est traduit par une baisse de 35% des effectifs. De même, moins de concurrence n'entraînera pas forcément plus d'investissement". Au passage, Bruno Lasserre a jugé cela "normal", rappelant que des opérateurs fusionnent en général pour réduire leurs coûts, en particulier leur effectif et leurs investissements.

Bref, "une consolidation nationale n'est pas désirable. Revenir à trois -voire deux- opérateurs n'est pas la bonne solution. Ce sont les consommateurs qui paieraient les conséquences, avec des prix plus élevés..." A bon entendeur.

Jamal Henni