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Lunettes: un opticien sur cinq fraude les complémentaires santé

Sur une paire de lunette vendue 470 euros, les opticiens appliquent un taux de marge brut de 233%.

Sur une paire de lunette vendue 470 euros, les opticiens appliquent un taux de marge brut de 233%. - -

L'UFC-Que Choisir dénonce, ce mardi 20 mai, les arrangements de certains opticiens qui falsifient les factures adressées aux complémentaires santé et contribuent ainsi à l'inflation des prix de l'optique et des cotisations des mutuelles. Le plafonnement des remboursements envisagé par le gouvernement n'y changera rien.

L'UFC-Que choisir dénonce, ce mardi 20 mai, les petits arrangements des opticiens sur les remboursements des lunettes. Au terme d'une enquête de terrain menée sur plus de 1.000 magasins, il s'est avéré que, alors que le client cherche juste à se renseigner sur les prix, un opticien sur cinq lui a proposé de lui-même un "arrangement" vis-à-vis de leur complémentaire santé. Celui-ci consiste à faire basculer une partie du prix de la monture sur les verres, mieux remboursés.

Si le consommateur s'accommode très bien de ce système, il s'avère au final, qu'il va payer au prix fort ses lunettes. L'UFC-Que Choisir estime que ces fraudes s'élèvent à 142 millions d'euros, un montant que les complémentaires répercutent naturellement sur leurs cotisations. Ces dernières ont augmenté de 38% entre 2006 et 2013.

Et dans le même temps, ces taux élevés de remboursement ont contribué à l'augmentation des tarifs de l'optique. En moyenne, une paire des lunettes est vendue 470 euros, alors que l'opticien l'aura acheté 118 euros au fabricant, soit une marge brute de 233%.

Au vu de ces arguments, l'UFC-Que Choisir juge que la tactique adoptée par le gouvernement de plafonner les remboursements pour faire baisser les prix sera inefficace.

Développer les réseaux de soins

"Ce n'est pas la mesure structurante qui va permettre au système de revenir à des prix vertueux", regrette Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir, puisque cette pratique ne va conduire qu'à geler la situation tarifaire actuelle. L'urgence est d'assainir le marché en mettant fin aux liaisons dangereuses entre les opticiens et les complémentaires.

"Les complémentaires santé doivent être les acteurs d'un nouveau système. Dans le cadre des réseaux de soins, elles pourraient exercer un certain contrôle et limiter les fraudes", prône le président de l'association.

En effet, les prix des verres relevés auprès des opticiens partenaires de ces réseaux de soins sont jusqu'à 40% moins chers. L'association voudrait aussi que les opticiens fassent des efforts pour rendre les prix plus lisibles dans leur magasin, par le biais d'un affichage clair mais aussi en mettant fin aux promotions à tout-va (comme par exemple la deuxième paire gratuite) qui brouillent la compréhension du client.

Coralie Cathelinais