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Energie

S&P et Moody's enfoncent EDF

EDF souffre notamment de coûts de production rigides

EDF souffre notamment de coûts de production rigides - Kenzo Tribouillard - AFP

"Standard and Poor's dégrade la note long terme d'EDF d'un cran, de "A+" à "A". Mood'ys a aussi abaissé d'un cran la note de l'électricien public, à "A2"."

C'est une sanction qui était attendue par EDF. Jeudi 12 mai, l'électricien public a vu sa note abaissée par Moody's d'un cran à "A2", l'agence assortissant à cette note une perspective négative. Vendredi 13 mai c'est au tour de Standard and Poor's. L'agence a dégradé la note d'un cran également, de "A+" à "A", estimant que ses paramètres économiques avaient faibli.

Dans un communiqué, la première agence explique que cette décision "reflète l'opinion de Moody's selon laquelle le plan d'action du groupe annoncé le 22 avril ne sera pas suffisant pour faire face aux pressions résultant d'un environnement de faibles prix de l'énergie combinées à un programme d'investissements important".

Moody's souligne que même si les prix de l'électricité ont rebondi récemment, ils ont baissé en France sur les douze derniers mois de 21% à environ 30 euros le mégawatt/heure actuellement.

Augmentation de capital de 4 milliards d'euros

"Une période prolongée de faibles prix de l'électricité affectera EDF en raison de son exposition aux activités de génération d'énergie qui répondent actuellement pour environ 50% de son Ebitda", souligne Moody's.

Les coûts de production d'EDF sont également particulièrement rigides car le nucléaire et l'hydroélectricité représentent environ 85% de la production totale de 619 térawattheures en 2015, souligne-t-on de même source.

EDF a annoncé mardi une baisse de son chiffre d'affaires au 1er trimestre mais a confirmé ses objectifs pour 2016. Le groupe avait annoncé fin avril une série de mesures pour renforcer sa situation financière, dont un projet d'augmentation de capital d'environ 4 milliards d'euros et des réductions de coûts.

Il avait maintenu également son ambition d'un flux de trésorerie libre positif en 2018. Parmi les facteurs pouvant plaider pour un éventuel nouvel abaissement de la note, Moody's cite les risques associés à l'exécution du plan de redressement, et à la vente de certains actifs.

Le risque Hinkley Point

L'agence craint aussi que ce plan soit insuffisant pour faire face à un niveau durablement bas des prix et cite aussi "les risques additionnels liés au projet de Hinkley Point au Royaume-Uni s'il se concrétisait".

Le PDG d'EDF, Jean-Bernard Levy, est monté au créneau jeudi pour défendre ce projet, vivement contesté par les syndicats d'EDF qui demandent son report de deux ou trois ans, de crainte que son coût de 18 milliards de livres (environ 23 milliards d'euros) ne compromette la viabilité du groupe. Jean-Bernard Levy a affirmé qu'il s'agit d'un projet "mûr" et "rentable" grâce aux garanties de prix et de volumes obtenues du gouvernement britannique pour une période de 35 ans, allant de la mise en service du premier réacteur, officiellement prévue en 2025, à 2060.

Moody's a également constaté que des motifs pour relever la note "sont improbables à moyen terme" mais que la perspective pourrait revenir à "stable" si la direction d'EDF renonçait au projet d'Hinkley Point.

J.M. avec AFP