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Le moral des ménages français se dégrade encore en mars

LE MORAL DES MÉNAGES

LE MORAL DES MÉNAGES - -

PARIS - Le moral des consommateurs français a continué de se détériorer en mars, reflétant leurs inquiétudes sur la réforme des retraites et un...

PARIS (Reuters) - Le moral des consommateurs français a continué de se détériorer en mars, reflétant leurs inquiétudes sur la réforme des retraites et un regain d'appréhension concernant le chômage.

L'enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages, publiée vendredi par l'Insee, confirme le scénario d'une consommation des ménages atone au premier trimestre.

L'indicateur résumé de l'opinion des ménages sur la situation économique a perdu un point à -34 alors que 19 économistes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne une hausse d'un point à -32.

Après son recul de trois points en février, l'indicateur de l'Insee revient ainsi à son plus bas niveau depuis octobre dernier, quand il était à -34 également.

L'opinion des ménages sur le niveau de vie passé en France a continué de baisser (-1 point en mars, après -5 points en février), mais ce sont surtout les perspectives d'évolution du niveau de vie en France qui se sont assombries avec une chute de cinq points, note l'institut de la statistique.

Parmi les soldes d'opinion qui n'entrent pas dans le calcul de l'indicateur synthétique, celui sur les perspectives d'évolution du chômage est remonté quant à lui de cinq points, à 63, alors qu'il avait baissé de façon quasi continue depuis son record à 93 atteint en juin 2009.

"Cela reflète des craintes accrues sur le chômage même si cette composante est volatile depuis le début de l'année", relève Laurence Boone, économiste chez Barclays. "On est loin du pic atteint à la mi-2009 mais nettement au-dessus de la moyenne de 20 qui a prévalu dans les années 2006-2008".

Ces craintes pourraient un peu retomber le mois dernier en réaction au ralentissement de la hausse du nombre de demandeurs d'emplois annoncé mercredi par le gouvernement, mais pour autant Pôle emploi ne voit pas le chômage décroître avant 2011.

LE DÉBAT SUR LES RETRAITES INQUIÈTE

Pour Olivier Gasnier, économiste à la Société générale, la remontée du solde sur les perspectives d'évolution du chômage constitue plus un retour à la normale qu'autre chose, après sa baisse de six points en février.

Le principal enseignement de la statistique, selon lui, est la franche détérioration de l'opinion sur le niveau de vie futur qui revient à son niveau de septembre 2009.

"Les retraites ont encore fait une victime", analyse-t-il.

"La réforme des retraites, quand elle sera faite, lèvera une partie de l'incertitude et ce sera un élément positif mais cela ne déliera pas pour autant les cordons de la Bourse car il se prépare quand même une période d'austérité budgétaire et les Français en ont conscience", dit-il.

Les craintes sur la situation financière future et la perspective d'un tassement du pouvoir d'achat cette année ne plaident pas en faveur d'une consommation forte.

"Les consommateurs sont vraiment sur un sentiment de méfiance, de précaution", observe Olivier Gasnier.

Dans sa note de conjoncture publiée jeudi soir, l'Insee prévoit une hausse de 0,1% tout juste de la consommation totale des ménages au premier trimestre, grâce à leurs dépenses en énergie avec la froidure de l'hiver, avant un recul de 0,2% au deuxième trimestre.

Mais la consommation en biens manufacturés, qui exclut l'énergie, pourrait connaître sa plus forte baisse depuis 1996 du fait de la suppression progressive de la prime à la casse dans le secteur automobile.

Elle a baissé de 1,2% en février après déjà un recul de 2,5% en janvier, selon la statistique publiée jeudi par l'Insee.

"C'est un changement d'époque", conclut Olivier Gasnier.

"La France a été pendant dix ans, jusqu'en 2008, le leader européen de la consommation des ménages avec des taux de croissance de 2,5 ou 3% et là on aborde notre troisième année de croissance très très molle de la consommation et ce n'est pas près de s'interrompre. Le moteur principal de la croissance française est en veille."

Véronique Tison, édité par Gilles Trequesser