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Naf Naf pourrait passer sous pavillon turc

Sur BFM Business, Luc Mory, patron de la marque en redressement judiciaire, explique pourquoi il préfère la proposition de reprise de Sy International et pas celle du français Beaumanoir.

Reprise il y a deux ans par un consortium chinois au groupe Vivarte, la marque Naf Naf a subi depuis, le mouvement des gilets jaunes, les manifestations contre la réforme des retraites et aujourd'hui la crise du Covid-19.

De quoi asséner "un coup de grâce" à l'enseigne, selon les mots de son patron Luc Mory, qui était invité ce mercredi sur BFM Business. Et ce malgré les mesures de soutien de l'Etat, même si Naf Naf n'a pas obtenu de prêt garanti par l'Etat.

Comme André, la Halle, Orchestra, Alinéa et Conforma, les deux mois de fermeture forcée ont été le coup dur de trop. Désormais, Naf Naf, ses 234 boutiques et ses 1.170 salariés, est en redressement judiciaire et est donc en quête d'un repreneur. Deux offres ont été déposées.

La première émane du groupe français Beaumanoir et prévoit la sauvegarde de 20% de l'emploi. La seconde a été formulée par le groupe turc Sy International qui promet le maintien de 75% des effectifs.

Une "douche froide"

Dans Good Morning Business, Luc Mory affiche clairement sa préférence pour l'entreprise turque qui est déjà son partenaire industriel. "Pourquoi? C'est très simple. Moi je poursuis deux objectifs dans ce moment un peu compliqué: c'est premièrement de sauvegarder le maximum d'emplois et deuxièmement d'assurer la pérennité de l'entreprise", détaille le dirigeant.

Le responsable explique que l'offre de Beaumanoir a été vécue comme "une douche froide" en interne. "Sy est un fabricant, partenaire de Naf Naf depuis plus de 30 ans, ils nous connaissent bien" et n'étant pas un distributeur "ils ont besoin des équipes de Naf Naf pour faire fonctionner la marque donc ils reprennent à peu près 75% des emplois (923 sur 1200). Et le deuxième axe, c'est plutôt une raison stratégique, c'est qu'aujourd'hui, Sy en tant que fabricant, cherche à mettre le pied dans la distribution. Il a déjà fait l'acquisition de Sinéquanon (une autre enseigne d'habillement, NDLR) et donc il va poursuivre cette stratégie".

"Quand vous alliez les fabricants avec le monde de la distribution, (...) vous avez quelque chose qui est beaucoup plus efficace en termes de supply chain. Sy est basé pas seulement en Turquie mais aussi en France et en Tunisie et ça nous permet d'avoir une supply chain très agile pour être livré très vite (...) puisqu'aujourd'hui ce qui compte dans notre métier c'est d'aller le plus vite possible", souligne Luc Mory.

Olivier Chicheportiche