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Navya: les coulisses du clash

La navette autonome et électrique Navya à Villeneuve d'Ascq.

La navette autonome et électrique Navya à Villeneuve d'Ascq. - AFP

Le pionnier du véhicule autonome traverse une crise sans précédent.

C'est un véritable coup de tonnerre dans la gouvernance de Navya. Christophe Sapet le président fondateur, vient d'être démis de ses fonctions avec "effet immédiat". Dans la foulée, quatre membres du conseil de surveillance ont claqué la porte dont Valeo et Keolis. Tous deux actionnaires à hauteur de 14,1%. Un porte parole de Valeo explique que la gouvernance "n’était pas conforme aux règles qui s'imposent aux sociétés cotées, protégeant en particulier, les droits des actionnaires minoritaires". Pour autant, Valeo et Keolis précisent que cela "ne remet nullement en cause les projets opérationnels ou techniques menés avec Navya et notamment les partenariats mis en place". C'est Frank Maccary, le directeur financier de Navya qui assure l’Intérim.

Un profit warning qui a tout précipité

D'après nos informations, c'est l'actionnaire principal (41,3%), le fonds Robolution Capital détenu par 360 Capital Partners, qui à décidé de renverser la table. L'annonce il y a dix jours d'un "profit warning" à fait l'effet d'une bombe car l’entreprise n'est cotée que depuis cet été. L'objectif de 30 millions d'euros de chiffre d'affaires pour 2018 est abandonné. Il devrait plutôt se situer entre 17 et 19 millions d'euros. En cause, explique Navya, des négociations de contrats qui s’éternisent et une réglementation américaine sur les véhicules autonomes trop mouvante.

Dans l'entourage de 360 Capital Partners, on estime "qu'il n'y à rien de dramatique. L’entreprise, n'a pas livré ses objectifs, il est donc tout à fait normal de modifier la gouvernance". En creux, toujours dans l'entourage du fonds, on reconnaît que la gouvernance de Navya n'était pas forcément en phase avec les obligations d'une entreprise cotée. "Une nouvelle direction devrait apporter une nouvelle dynamique". Par ailleurs, quelques efforts sont à faire pour "structurer les équipes de vente" explique t-on.

Navya essuie les plâtres d'un marché en devenir

Vendre des navettes autonomes n'est pas une sinécure. Dès qu'un collectivité souhaite déployer le dispositif sur quelques kilomètres, Navya doit franchir toute une série d'étapes très chronophages : discussions et validation des budgets avec la mairie, homologation des trajets par les autorités, recherche d'un exploitant pour assurer le service... ll faut jongler avec de très nombreux interlocuteurs ainsi qu'avec des réglementations qui fluctuent en fonction des pays. "C'est l'une des raisons pour lesquelles les contrats mettent du temps à se nouer" confie une source interne. "C'est un marché qui à peu d'historique, l’écosystème n'est pas encore mature". Pour autant, industriellement, Navya poursuit sa route. Le nombre de navettes autonomes qui circulent à travers le monde est passé de 57 fin 2017 à 417 aujourd'hui. Par ailleurs, le groupe continue d'étoffer sa gamme avec des taxis autonomes et des tracteurs à bagages électriques. 

La bourse : la bonne idée ?

Certains s'interrogent. Fallait-il s'introduire en bourse ? Car quatre mois après son introduction, Navya est déjà ballotté de toute part. Le titre valait un peu plus de 7 euros en juillet dernier, son cours est désormais tombé sous les deux euros. La valorisation est passée de 190 millions au moment de son entrée en bourse à environ 70 millions aujourd'hui.

Pour autant, confie un proche du dossier, "la bourse à eu le mérite d'apporter de l'argent frais et de mieux faire connaître l'entreprise". Une notoriété qui permet au groupe, explique cette même source, "de ne pas rencontrer de problèmes de recrutement". Car dans ce domaine du véhicule autonome, les talents représentent le nerf de la guerre.

Mais en devenant cotée, Navya à pris un risque : celui de la transparence financière. Ce qui signifie qu'elle devra dorénavant tenir ses objectifs sous peine d'être pénalisée. Christophe Sapet vient d'en faire l'amère expérience.