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Néobanques : le décollage en France se confirme

Selon l'ACPR, 4,4 millions de personnes étaient clientes d'une néobanque en France à la fin de l'année 2017.

Selon l'ACPR, 4,4 millions de personnes étaient clientes d'une néobanque en France à la fin de l'année 2017. - BERTRAND GUAY / AFP

Alors que l’offre se démultiplie, le nombre de comptes actifs connait une croissance forte avec une multiplication par 3,5 en deux ans.

C’est une nouvelle épine dans le pied des acteurs historiques de la banque. Alors que les politiques de taux bas des banques centrales plombent leur rentabilité, les réseaux classiques doivent aujourd’hui compenser la concurrence de plus en plus efficace des néobanques, ces établissements exclusivement en ligne non-issus de groupes traditionnels.

Car le décollage a bien eu lieu. Selon la dernière étude de KPMG, alors que le nombre d’acteurs présents sur le marché français a été multipliée par 3 en trois ans (avec une vingtaine d'opérateurs aujourd'hui), le nombre de comptes actifs s’envole. Il a été multiplié par 3,5 en deux ans pour atteindre 2,6 millions de comptes.

Le secteur profite de différents facteurs. L’attrait pour des tarifs plus bas bien sûr, en moyenne, ces banques proposent des tarifs standards quatre fois inférieurs aux banques classiques. Selon l’étude, les coûts annuels minimums pour une banque traditionnelle sont de 71 euros par an contre 16 euros par an pour les néobanques et 7 euros par an pour les banques en ligne.

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- © kpmg

« Ce premier levier de différenciation vis-à-vis de leurs concurrents traditionnels s’accompagne d’une ouverture de compte simplifiée, qui améliore l’expérience et l’autonomie des clients : pas de papiers, souscription rapide, opérations en temps réel application mobile intuitive. Troisième levier, la simplification de l’offre. 80 % des néobanques qui ont fait le choix de proposer directement des services payants ont une offre unique, qui joue sur leur caractère innovant par rapport aux banques traditionnelles : la banque au quotidien et la carte bancaire », expliquent les auteurs.

Rentabilité et confiance

Mais aussi grâce à l’arrivée de marques « fortes » et grand public comme Orange et Carrefour et plus récemment la Banque Postale (voir vidéo en bas d'article), « se déployant à l’échelle européenne ».

L’étude de KPMG souligne également que l’essor des neobanques est dû à l’augmentation des ressources financières accessibles aux fintechs en provenance des investisseurs (banques assurance, fonds de private equity). Les néobanques ont ainsi levé en France 0,2 milliard d’euros sur les 1,5 milliards d’euros levés par les fintechs en France.

« Leur succès commercial invite les acteurs traditionnels du secteur financier à une réflexion sur les leviers de transformation activables pour davantage aligner leur futur business model sur les besoins de leurs clients », commente Emmanuel Papadacci-Stephanopoli, Spécialiste marketing bancaire chez KPMG.

D’un autre côté, ces néobanques souffrent encore d’un déficit d’image important. « Le déficit de notoriété est le premier des défis des néobanques, qui ont encore un chemin à parcourir pour construire leur capital de confiance. Cela se justifie par le contexte actuel où les clients sont particulièrement sensibles à la sécurisation de leurs données bancaires et de leurs paiements ».

La rentabilité de ces acteurs pose également encore question compte tenu des investissements technologiques à consentir en permanence tout en étant conforme avec les exigences réglementaires, également source de coûts importants. « Une solution consiste à trouver des relais de croissance à travers une stratégie de segmentation accrue qui vise les professionnels, entrepreneurs individuels, et indépendants notamment, et les jeunes. Autant de perspectives prometteuses qui soutiendront le rythme de croissance des néobanques », explique KPMG.

Resta à savoir si la multiplication des nouveaux entrants ne va pas faire des dégâts. « Le marché est foisonnant : plus d’une dizaine d’acteurs sont nés sur les trois dernières années. Maintenant, il est encore émergeant. Seuls 6,5% des Français ont un compte dans une néobanque » rappelle Alice Holzman sur BFM Business, Directrice générale de Ma French Bank, la banque en ligne de la Banque postale

Olivier CHICHEPORTICHE