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Netflix augmente ses prix et c'est de la faute de ses utilisateurs

Le patron de Netflix Reed Hastings

Le patron de Netflix Reed Hastings - BERND VON JUTRCZENKA / DPA / AFP

Après les Français en août, c'est au tour des Américains de voir le prix de l'abonnement à Netflix gonfler d'un dollar. La faute, selon Goldman Sachs, aux utilisateurs qui partageraient trop leur code d'accès.

Officiellement, Netflix a plus de 65 millions d'abonnés dans le monde. Officieusement, il aurait en fait bien plus d'utilisateurs. Et cela ne plairait pas beaucoup à son PDG Reed Hastings. Comment des utilisateurs peuvent bénéficier des services du site de streaming vidéo? Très simplement, en empruntant les codes d'accès d'un proche qui lui paie. Il suffit en effet d'avoir l'identifiant et le code d'accès d'un abonné Netflix pour accéder à son compte sur sa télé, son ordinateur, sa tablette et son smartphone.

Car Netflix propose diverses formules. Une de base à 7,99 euros qui ne permet pas les connexions multiples. Ce qui est en revanche possible pour la formule à 9,99 euros (8,99 euros jusqu'en août dernier) et sur l'offre Premium à 11,99 euros. Avec ces deux offres, plusieurs personnes peuvent se connecter en même temps au service (2 sur celle à 9,99 euros, 4 sur la 11,99 euros). Résultat: de nombreux utilisateurs partagent leur code avec des amis ou des membres de leur famille. Certains en profitent même pour "sous-louer" leur abonnement. Ils prennent l'abonnement à 11,99 euros à 3 ou 4 par exemple et chacun reverse sa part à l'abonné officiel.

La manque à gagner équivaudrait à 250 épisodes d'une série 

Et cette pratique pourrait être la cause principale des récentes augmentations de tarif de l'américain. L'abonnement standard est passé de 8,99 euros à 9,99 euros en France. Même chose aux Etats-Unis et au Canada la semaine dernière. C'est ce qu'estime en tout cas un analyste de la banque Goldman Sachs. Selon lui, si Netflix n'a pas touché au tarif de son abonnement de base à 7,99 euros ni au premium à 11,99 euros c'est que sa stratégie est claire. "En augmentant le prix de l'offre standard, Netflix veut encourager les gens à passer sur l'offre "un écran" qui est bien moins chère", explique l'analyste. Or avec cette offre, il y a peu de chance que l'utilisateur partage ses codes. Mais dans le même temps, Netflix rend du coup plus intéressante son offre "4 écrans" pour les familles qui souhaiteraient s'abonner. Il y a toujours le risque de partage des codes avec cette offre premium mais ça augmenterait sensiblement le revenu par utilisateur. 

Bref, Netflix veut de l'utilisateur à faible revenu qui ne partage pas ses codes. Et s'il veut quand même partager, qu'il paie le prix fort. Jusqu'à présent, Netflix ne semblait pas accorder trop d'importance à cette pratique du partage de compte. L'Américain a peut-être évolué sur le sujet. Selon une étude réalisée par Parks Associates, ce partage pourrait représenter un manque à gagner de 500 millions de dollars pour le secteur. Or ces plateformes ont besoin de moyens pour se développer et notamment pour produire du contenu exclusif (séries, films...) pour attirer de nouveaux clients. Il faut savoir qu'une série comme Narcos (dernier gros succès de Netflix) a un coût de production d'environ 2 millions de dollars par épisode. Le manque à gagner serait donc équivalent à 250 épisodes d'une série à succès, ce qui est loin d'être négligeable.

Frédéric Bianchi