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Netflix va faire son retour à Paris

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Netflix - Lionel BONAVENTURE / AFP

Invité sur BFM Business, le PDG de Netflix, Reed Hastings, a annoncé l’ouverture d’un bureau en France l'an prochain. C’est un retour pour le géant américain de la vidéo qui avait fermé son siège parisien en 2016. Netflix entend accompagner sa montée en puissance dans la production française.

L’activité de Netflix en France ne sera bientôt plus pilotée depuis Amsterdam. Reed Hastings, le PDG du groupe, a annoncé sur BFM Business l’ouverture l’an prochain d’un bureau à Paris. Pour gagner la confiance du secteur et rassurer le gouvernement, Netflix avait déjà installé, au moment de son lancement en France, en 2014, un siège dans la capitale. Mais ce bureau avait été fermé en 2016 et les salariés transférés aux Pays-Bas, d’où sont dirigées les activités européennes de Netflix.

Le groupe explique son revirement aujourd’hui par la montée en puissance de son offre en France. « Nous ouvrons un bureau à Paris pour faciliter le travail avec les créateurs et la promotion de nos programmes », explique Reed Hastings. « En effet, nous avons déjà un grand succès (en France) et nous sommes prêts à investir davantage », ajoute le PDG.

Le service de vidéo, qui aurait désormais plus de 3,5 millions d’abonnés en France, va en effet multiplier les productions dans l’Hexagone. Sept nouveaux projets de films et de séries françaises ont ainsi été dévoilés à l’occasion de la visite de Reed Hastings à Paris cette semaine. Ces contenus originaux viennent s’ajouter à la grosse dizaine de programmes déjà annoncés (la série Osmosis, l’adaptation d’Arsène Lupin, le documentaire sur le meurtre de Grégory Villemin, etc.) ou déjà disponibles (la série Marseille, le documentaire 13-Novembre, les spectacles de Gad Elmaleh et Dany Boon).

Se rapprocher de l'écosystème français

Mais ce retour en France est-il lié à des évolutions plus profonde dans l’approche du géant américain ? L’ouverture de ce bureau ne devrait rien changer d’un point de vue fiscal : Netflix facture l’ensemble de ses clients européens depuis les Pays-Bas, un pays à la fiscalité avantageuse. Une méthode que le groupe appliquait déjà à l’époque où il avait un bureau en France. Bureau qui n’était chargé que de ses activités marketing. Rien n’indique que Netflix souhaite désormais facturer ses clients depuis la France.

En revanche, le groupe s’acquitte aujourd'hui de la taxe de 2% sur le chiffre d’affaires sur les services de vidéo versée au CNC. Mais Netflix échappe, grâce à sa localisation aux Pays-Bas, aux lourdes obligations de financement de l’audiovisuel français.

Or, cet avantage est sur le point de tomber. La directive européenne SMA, en cours d’adoption définitive, prévoit un renforcement des obligations imposées aux plateformes de vidéo dans toute l’Europe. Netflix devra ainsi proposer au moins 30% d’œuvres européennes sur sa plateforme et pourra être tenu d’investir une proportion de son chiffre d’affaires français dans la production française, quelle que soit la localisation de son siège social.

Dans ces conditions, le géant de la vidéo a tout intérêt à se rapprocher de l’écosystème de la production en France. C’est même peut-être l’occasion de réchauffer les relations avec un secteur qui reste très méfiant à son égard, comme le montre la brouille persistante avec les organisateurs du Festival de Cannes.

Extrait de l'interview du patron de Netflix dans Good Morning Business ce vendredi

Simon TENENBAUM