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Nissan pose ses conditions à un mariage entre Renault et Fiat

Jean-Dominique Senard, le président de Renault, et Hiroto Saikawa, le directeur général de Nissan.

Jean-Dominique Senard, le président de Renault, et Hiroto Saikawa, le directeur général de Nissan. - Behrouz MEHRI / AFP

Le constructeur japonais souhaite que Renault baisse sa participation à son capital. En échange de quoi, Nissan donnerait son feu vert à une fusion Renault-Fiat. Un « nouveau deal » qui sera au cœur des discussions lors du G20 de Tokyo en fin de semaine.

Nissan a les clés de la fusion entre Renault et Fiat. Ce mardi se tient l’assemblée générale de Nissan qui va entériner sa nouvelle gouvernance. Le président de Renault, Jean-Dominique Senard, devient vice-président du constructeur nippon et le directeur général, Thierry Bolloré, entre au conseil d’administration malgré les objections de Nissan. Désormais, Nissan souhaite ouvrir une nouvelle négociation autour du niveau de la participation de Renault à son capital. Aujourd’hui, le constructeur français détient 43,4% du capital de son partenaire japonais sans pour autant avoir les pouvoirs auxquels il pourrait prétendre.

Il y a deux semaines, ce sujet a été abordé entre le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, et son homologue japonais. Les deux gouvernements sont favorables à ce que Renault abaisse sa part dans Nissan pour apaiser les relations, encore très mauvaises, entre les deux constructeurs, surtout depuis que Renault a voulu imposer à Nissan l’arrivée de Fiat dans l’Alliance. « Nissan ne voulait absolument pas du mariage avec Fiat. Renault a voulu passer en force, s’emporte un bon connaisseur du constructeur japonais. La relation est vraiment cassée ». Les Japonais ne décolèrent pas contre le président de Renault, Jean-Dominique Senard, d’avoir voulu leur imposer l’alliance avec Fiat sans les y associer.

Un deal donnant-donnant

Du coup, Nissan met un point d’honneur à ce que Renault baisse sa participation à son capital. Deux options sont possibles : la première consiste à ce que le groupe français descend à 34% pour conserver une minorité de blocage. Un scénario privilégié par Renault. L’autre, poussée par Nissan, verrait Renault réduire sa part à 20% ou 25% pour conserver une mise en équivalence des bénéfices de Nissan dans ses comptes. « C’est beaucoup trop bas, tranche un proche de Renault. Cela ferait trop baisser la valeur du groupe ». Toute la difficulté est là : plus Renault réduit sa part dans Nissan, plus il fait baisser sa valeur en bourse, très liée justement à ses intérêts économiques dans le constructeur japonais.

Hier inimaginable, l’abaissement de la part de Renault est aujourd’hui au cœur des discussions car Nissan le conditionne à son feu vert au mariage avec Fiat. « Nissan soutiendra le mariage avec Fiat si Renault baisse sa participation dans son capital » explique un proche du constructeur japonais. Les Japonais savent que le rapport de force est en leur faveur.

Renault pris en étau

D’abord car le président de Renault, Jean-Dominique Senard, « n’a pas renoncé à l’opération » assure un de ses proches. Mais aussi car le président de Fiat, John Elkann, souhaite cette opération pour mettre la main sur la participation de Renault dans Nissan. « Fiat veut avoir accès aux technologies de Nissan mais aussi à ses marchés asiatiques et surtout américain » décrypte un proche du dossier. Aux Etats-Unis, l’alliance Nissan-Fiat deviendrait leader devant le géant General Motors.

La participation de Renault dans Nissan étant la principale motivation de Fiat, le constructeur italien n’a pas non plus intérêt à la voir trop baisser pour faire une belle opération. Un jeu à trois qui fait dire à un proche de Renault que la solution passe par un « accord global entre les trois constructeurs ». Selon plusieurs sources, Fiat et Nissan pourraient ouvrir des discussions bilatérales pour traiter de ces sujets. Une situation dangereuse pour Renault qui risque d’être pris en étau entre les deux groupes. « Il y a un risque que Renault soit le grand perdant » ajoute un proche du groupe. L’Alliance Renault-Nissan pourrait alors devenir l’Alliance Fiat-Nissan.