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Nokia présente l'imposante facture sociale du rachat d'Alcatel-Lucent

Nokia prévoit un plan de suppressions de postes qui touchera principalement en Europe ses effectifs en Finlande et en Allemagne. La France serait relativement épargnée.

Nokia prévoit un plan de suppressions de postes qui touchera principalement en Europe ses effectifs en Finlande et en Allemagne. La France serait relativement épargnée. - Markku Ulander-AFP

"Nokia engage un programme de suppressions de plusieurs milliers d'emplois dans le monde d'ici la fin 2018, en application du plan d'économies lié au rachat d'Alcatel-Lucent. La France serait relativement épargnée."

La facture sociale du rachat d'Alcatel-Lucent va être présentée prochainement par la direction de Nokia aux instances syndicales. Au menu, un vaste programme de suppressions de postes dans le monde, dont l'ampleur exacte n'est pas encore connue.

Les réductions de postes concerneront surtout, selon Nokia, des doublons de fonctions dans les activités de recherche et développement et certaines fonctions centrales et de support ainsi que des organisations commerciales devenues redondantes dans certaines zones géographiques. Nokia, qui emploie quelque 104.000 salariés à travers le monde depuis le rachat d'Alcatel-Lucent, prévoit de donner plus de détails en la matière lors de la publication prochaine de ses résultats trimestriels 2016.

Dès la présentation des conséquences du rachat, fin 2015, le constructeur finlandais avait indiqué qu'il engagerait un plan d'économies de 900 millions d'euros sachant qu'il doit affronter, sur le marché des opérateurs, la concurrence imposante du géant chinois des télécoms, Huawei, dont les résultats 2015 sont florissants.

En France, 400 postes seront supprimés mais 500 créés

Selon Bloomberg, les suppressions de postes pourraient atteindre de 10.000 à 15.000 postes, 30 pays dans le monde étant concernés. La France, berceau historique de l'équipementier Alcatel-Lucent, serait relativement épargnée, Nokia ayant confirmé, selon Reuters, lors d'un comité de groupe européen, qu'il conserverait un total de 4.200 postes dans l'hexagone jusqu'à fin 2017 comme il s'y était engagé auprès du gouvernement français.

Environ 400 postes seront supprimés dans des fonctions centrales par l'équipementier télécoms finlandais. Les sièges de Boulogne-Billancourt (Alcatel-Lucent) et d'Asnières (Nokia) seront fermés. Le constructeur prévoit de recruter 500 personnes sur trois ans dans le domaine de la recherche et développement, dont 300 jeunes diplômés. Le solde des emplois détruits et créés devrait donc être positif dans l'hexagone. Ces chiffres sont contestés par l'intersyndicale de Nokia France qui à l’issue du dernier PSE, évalue l’effectif actuel sous la barre des 4200 salariés. "Concernant les créations de postes de recherche et développement, la direction reporte à fin 2018 le solde de ces embauches" estiment les syndicats français de Nokia.

L'Allemagne et la Finlande perdront plus d'un millier de postes chacune

Une porte-parole de Nokia en France a précisé que plusieurs sites français - ceux de Lannion en Bretagne et de Nozay-Villarceaux en Ile-de-France - deviendront des centres de compétence mondiaux pour Nokia, dédiés à des technologies jugées prometteuses comme la 5G, le futur très haut débit mobile, la cybersécurité ou l'internet des objets.

L'Allemagne serait, en revanche, concernée par 1.400 suppressions de postes tandis que la Finlande perdrait 1.300 de ses effectifs sur un total de 6.850 salariés. Ces suppressions de postes, si elles étaient confirmées dans le berceau de Nokia, ne manqueront pas de provoquer des réactions. Le pays scandinave a déjà payé un lourd tribut social avec des milliers de postes supprimés dans l'activité de téléphones mobiles rachetée puis restructurée à la hache par Microsoft en 2014 et 2015.

Frédéric Bergé